Les grands marais

Chaumières et architecture typique de maraisAmbiance lacustreMarais d'eau douceCanauxMarais salantsPrairies humides ou inondablesHorizontalité du paysageVallées largesParcs paysagers et châteaux
L’Erdre (12 vues), P. Perron « Toutes ces cloches appellent, leur parole a un même sens (...). Ces échos que lui envoient tous les horizons, la surface plane du lac les enregistre, les fond. Elle en compose une mélodie unique, une audition prodigieuse qui, dans la nuit glacée, émeut, donne des ailes à l'imagination. » Emile Gabory - Le Pays nantais
Ambiances paysagères des grands marais


Le calme ambiant est à peine perturbé par le vent dans les feuilles de frênes ou le chant des grenouilles. Apaisante, l’horizontale sur laquelle jouent ces paysages d’eau ouvre de larges panoramas sur des étendues d’eau ou de roseau. A l’aurore, le brouillard enveloppe ces fonds de vallée ou ces dépressions du relief et laisse paresseusement découvrir, quand le soleil monte, ce monde presqu’inhabité qui contraste avec l’occupation humaine des plateaux. Les grands marais de Loire-Atlantique occupent les terres basses du département, un héritage des effondrements géologiques ou de larges vallées comblées. L’eau s’exprime partout, dans les vastes étendues lacustres, dans le rythme des inondations qui gomment le sol, dans la végétation si spécifique et dans les tentatives anciennes de l’homme pour la dompter : au travers des canaux, comme voie de communication ou même dans certains cas comme élément spectaculaire de mise en scène. Peu traversé par les grands axes, à l’abri derrière ses ripisylves, le paysage des grands marais est souvent discret ; il faut aller à sa rencontre et se laisser guider par les formes de l’eau, par le balai des oiseaux migrateurs, par l’odeur parfois âcre de la vase mélangée à celle plus fraîche des menthes et le frissonnement des chaumes de roseaux dans le vent. Encore très préservés, ces paysages sont des expériences sensorielles à eux seuls. Cette unité se distingue par ailleurs, par son éclatement géographique qui amène à distinguer des variations parfois notables dans les caractères de l’unité et qui distingue nettement des sous-unités.
 Les éléments terre


La terre n'apparaît que très peu dans cette unité : soit elle est recouverte lors des inondations, soit elle nourrit l'herbe grasse des prairies humides. C'est un paysage de pâtures ou d'espaces naturels avec une végétation adaptée à l'eau. On y retrouve toutes les vivaces à fleurs qui viennent consteller les prairies dès le printemps, le jaune des boutons d'or, le rose des lychnis, le pourpre des salicaires. C'est peut être dans les feuillages que la variation est la plus grande. Entre les joncs et les roseaux on retrouve au niveau des arbres les textures fines des saules et des frênes, les feuillages labiles des peupliers et les feuilles plus sombres des aulnes ou plus découpées des chênes. Dans les haies cadrant les prairies, les arbres (chênes ou frênes) sont taillés en têtards et marquent l'horizon de leur silhouette bonhomme.
les matières architecturales


L'inondabilité de ce paysage se traduit directement par des modes d'implantation du bâti en frange de marais ou sur des promontoires insulaires. L'architecture traditionnelle joue sur la mise en œuvre à la fois des pierres proches (schistes, grès et granites) et sur des matériaux locaux (chaume pour les toitures ou tuiles au sud). Du fait de l'éclatement géographique de cette unité la morphologie de l'architecture change en fonction de l'architectonique locale (influences bretonnes au nord, vendéennes, charentaises au sud, angevines à l'est...). Ce paysage est riche d'un petit patrimoine lié à l'eau (puits, quais, cales, appontements...) et les hameaux développent des dépendances importantes marquant la vie en autarcie (en période d'inondation) comme les greniers suspendus, les fours à pain, les étables et les prés communs.
Infrastructures et économie


Les infrastructures routières sont particulièrement peu développées dans ces paysages (en raison de l’impraticabilité de ces marais) ; seuls quelques grands axes frangent ces zones et le réseau viaire change très vite d’échelle dès qu’on les quitte. Si les chemins ruraux sont nombreux l’un des principaux moyens de déplacement reste encore le bateau et plus particulièrement la barque plate qui permet de sillonner les canaux en toute saison. Les barges plus larges permettent de faire migrer les troupeaux. Si ces paysages sont structurés par l’économie agricole, ce sont des réserves de biodiversités le plus souvent protégées qui font parfois l’objet d’une valorisation touristique encore peu développée. Des activités économiques traditionnelles se démarquent comme l’exploitation de la tourbe, du roseau et la chasse et la pêche. Les éléments d’infrastructure (comme les voies ou les lignes électriques) quels qu’ils soient sont donc en général très prégnants dans la mesure où ils contrastent fortement avec la structure même de ce paysage.
Les formes de l'eau


Sur ces zones au relief horizontal, l’eau calme, quasiment sans courant, est un véritable miroir qui reflète le ciel et l’horizon. Les ambiances paysagères sont donc profondément marquées par les jeux de lumière sur l’eau. Seul le vent irise la surface de l’eau et lui fait perdre son reflet pour lui donner quelques miroitements. Paysage d’eau douce par excellence il en décline toutes les formes du lac à la rivière aux allures de fjord miniature en passant par les canaux et fossés. L’eau est également présente partout de manière indirecte que ce soit par la végétation mais aussi par tout le patrimoine associé d’écluses, de ports, de mouillages, d’abri de chasse ou d’éléments liés à la pêche.