Préambule

« Quand j’ai commencé à enseigner, la planète était immobile. La tectonique des plaques n’existait pas. Désormais, le monde entier est en mouvement. » (Julien Gracq)


« À qui les aime, les cartes ne proposent pas seulement de l’espace, mais aussi des histoires : incomplètes, à imaginer, à écrire. » (Olivier Rollin)


En partant du constat singulier d’un territoire fortement marqué par la présence de l’eau, dans ses multiples composantes, souvent originales, on peut aisément en déduire que les paysages du département de la Loire-Atlantique ont été très influencés par cette forme de loi universelle qui devait répondre à la diversité et la variabilité de l’élément liquide, où l’homme a très rapidement joué un rôle majeur, n’ayant de cesse de maîtriser l’eau à son profit avant de la reconduire à la mer.


Alternativement pays ouvert aux horizons immenses venant buter sur les failles du sillon de Bretagne, d’où émergent des promontoires rocheux noyés dans les marais qui signalent, par leur relief ou leur toponymie, la présence des anciens rivages, ou pays colmaté avec ses territoires plus intimes, souvent cachés, parfois inaccessibles, ce sont, pour la plupart, des paysages en mouvement, soumis au rythme des crues et des marées.


Mais c’est aussi un pays de collines, bocagères ou viticoles qui annoncent déjà les «marches de Bretagne» ou les vallonnements de l’Anjou et du Poitou tout en constituant à la fois une frontière, un « verrou » stratégique et un passage, voire un véritable carrefour où le trait le plus significatif est finalement le mélange permanent des cultures, des habitats, des pratiques agricoles traditionnelles.


On le sait, les paysages sont porteurs d’indices et de signes qui permettent non seulement de reconstituer une géographie et une histoire, mais aussi de discerner les mutations et les bouleversements, reflets des choix politiques ou des orientations de développement et de protection. Mais il est acquis aussi qu’ils ne recouvrent pas une seule signification et qu’il n’y a pas une seule manière de les saisir. De multiples formes ont été utilisées pour les voir et les décrire, depuis celles des peintres, des écrivains, des cartographes, des photographes, des praticiens de l’aménagement du territoire à celles des scientifiques. Puisqu’il est difficile de s’entendre sur une définition universelle qui satisfasse tous les acteurs, il faut alors admettre la diversité des points de vue, qui est la réalité sociale, et tenter de la mettre en œuvre à travers un outil dynamique et évolutif.


C’est l’objectif de cet Atlas qui a demandé pratiquement trois années de travail pour mettre au point une méthode innovante permettant d’adapter la description de l’ensemble des panoramas constituant ce département aux nouveaux systèmes informatiques interactifs. Cette identification, rendue nécessaire par la convention européenne du paysage, est mise au service de l’ensemble des acteurs de l’aménagement, Etat et collectivités territoriales, et s’ouvre vers le grand public par l’intermédiaire d’un site internet.


L’Atlas des paysages de la Loire-Atlantique a ainsi été conçu pour être un outil participatif et évolutif mis à la disposition de tous. A chacun de s’en saisir.


Signature du Préfet de région