Présentation

Un atlas des paysages, c'est quoi ?


Le cadre de la démarche nationale

La démarche de réalisation des atlas de paysages s'inscrit dans le cadre des politiques nationales. Ainsi le Ministère en charge de l'environnement gère depuis 1993 de la politique des paysages. Pour assurer une cohérence et un niveau de connaissance partagée des paysages, il a mis en place la réalisation des atlas départementaux des paysages.

Ainsi Jean-Marc Michel, Directeur du bureau de la Nature et des Paysages à l'époque, traduit cette orientation forte en ces termes :
« La politique des paysages conçue par la direction de la nature et des paysages s'appuie sur les Atlas de paysages, documents pivots du développement de la connaissance. C'est en effet à partir de ces Atlas que les différents inventaires et systèmes d'observation vont être mis en relation. Les Atlas de paysages sont la formulation d'un état de référence partagé. Ils permettent à chaque collectivité publique, dès lors qu'elle aura participé à leur élaboration à un titre ou à un autre, de définir, dans le cadre de ses compétences, les objectifs de qualité paysagère sur les territoires dont elle est responsable.
Ils apportent à l'ensemble des collectivités publiques, une somme de connaissances et de références partagées sur les paysages, leurs représentations sociales et leurs dynamiques, suffisantes pour qu'ils puissent définir leurs politiques, qu'elles soient de paysage ou qu'elles concernent d'autres préoccupations, dans un principe de cohérence territoriale et paysagère.

Puissent les Atlas de paysages contribuer à la réalisation de l'ambition inscrite en ouverture du code de l'environnement : « Les paysages font partie du patrimoine commun de la nation » et offrir l'occasion d'un partenariat actif entre l'État et les collectivités locales.
Portant sur l'ensemble de l'espace, les Atlas de paysages enrichissent la connaissance tant sur les milieux urbains que dans les campagnes, dans les territoires dégradés comme dans ceux de grande qualité, dans les espaces remarquables comme dans ceux du quotidien. Ils permettent également de prendre en compte l'évolution de notre société et de ses aspirations nouvelles en matière de nature, de patrimoine et de cadre de vie.
Enfin, les Atlas, en identifiant et qualifiant les paysages, répondent aux objectifs de la Convention européenne du paysage. »



Le paysage est devenu un des enjeux majeurs actuels. Le législateur a progressivement répondu à cette attente par une série de dispositions législatives et réglementaires dont la plus significative est la loi du 8 Janvier 1993 dite « Loi Paysage ». Ceci a eu pour effet une prise de conscience et une sensibilisation réelle des principaux acteurs politiques, institutionnels ou opérationnels. Depuis les lois ont amené la question du paysage au cœur des stratégies de développement et d'aménagement des territoires.

Le paysage, un terme polysémique



Le terme même de paysage est difficile à cerner tant sa dimension est polysémique (chacun lui donne son propre sens). Il est donc primordial dans le cadre d'un atlas des paysages d'envisager les sens que peut prendre le terme et surtout d'envisager la définition qui sera retenue. On peut dans un premier temps noter que le paysage renvoie systématiquement à la notion de perception et de représentation individuelle ou sociale d'un espace réel bâti ou non.

Le paysage pictural

Ainsi le terme de paysage prend au départ une dimension plutôt picturale. Au XVIème siècle, il renvoie à un genre de peinture réaliste (ou au tableau lui-même) désignant la représentation d'un site le plus souvent champêtre. Les paysages de peintres ont eu plusieurs essors :
A la renaissance, les paysages deviennent des thèmes privilégiés de l'école hollandaise avec notamment Dürer, Van Eyck et Bruegel ainsi que de l'école italienne avec Bellini et Mantegna. En France les paysages apparaîtront plus tard notamment au travers des tableaux de Poussin et Lorrain

La période romantique va complètement exacerber la dimension de perception, pour ne laisser place qu'à l'exaltation des sentiments de l'artiste. Le paysage représente donc la nature comme reflet des sentiments intimes de l'artiste et de sa tourmente. Le peintre allemand Friedrich en donne le plus parfait exemple.

A la fin du XIXème, les peintres sortent des ateliers pour peindre le paysage « sur le motif ». C'est le cas de Constable, Turner, Corot, l'école de Barbizon et les impressionnistes ainsi que Van Gogh et Cézanne.
Le land-art pousse au XXème cette notion à son paroxysme en faisant du paysage à la fois l'objet et l'œuvre offrant ainsi une lecture instantanée, sur site, de la perception de l'artiste.

L'objet n'est pas ici de retracer l'histoire de l'art des paysages mais bien de comprendre comment très tôt le mot paysage renvoie à la subjectivité et à l'intimité de la perception de l'artiste. Cette acception est cependant nuancée dès le milieu du XVIème siècle et le paysage devient une étendue de pays que l'œil peut embrasser.

Le paysage objectif ou subjectif ?

Durant le XIXème et le début du XXème siècle, le paysage est longtemps resté un objet d'études de la géographie. Il devient un espace visible avec ses différents plans jusqu'à l'horizon. Le paysage est donc dans ce cadre objectif et connaissable : le paysage image et les objets qui le composent sont confondus. On rejoint là la dimension géographique qu'exprime le terme même d'atlas (recueil de cartes géographiques). Le paysage devient un objet d'étude scientifique objectivable et cartographiable. Il entre même dans le champ de compétences de l'écologie où il prend la dimension d'une échelle d'étude permettant la compréhension des relations entre les écosystèmes.
Avec l'ouverture vers les sciences humaines, les approches nouvelles placent le paysage moins sur le plan matériel qu'idéel. Il devient strictement la représentation individuelle, sociale ou culturelle d'un espace donné à voir comme à vivre. C'est donc une évocation d'un existant en fonction d'un idéal. Le paysage devient purement subjectif ou réaliste.

Le paysage objectif ou subjectif ?

Durant le XIXème et le début du XXème siècle, le paysage est longtemps resté un objet d'études de la géographie. Il devient un espace visible avec ses différents plans jusqu'à l'horizon. Le paysage est donc dans ce cadre objectif et connaissable : le paysage image et les objets qui le composent sont confondus. On rejoint là la dimension géographique qu'exprime le terme même d'atlas (recueil de cartes géographiques). Le paysage devient un objet d'étude scientifique objectivable et cartographiable. Il entre même dans le champ de compétences de l'écologie où il prend la dimension d'une échelle d'étude permettant la compréhension des relations entre les écosystèmes.



Avec l'ouverture vers les sciences humaines, les approches nouvelles placent le paysage moins sur le plan matériel qu'idéel. Il devient strictement la représentation individuelle, sociale ou culturelle d'un espace donné à voir comme à vivre. C'est donc une évocation d'un existant en fonction d'un idéal. Le paysage devient purement subjectif ou réaliste.

A la croisée des regards



Pour les aménageurs et les paysagistes, le paysage est à la fois réel et idéel, objectif et subjectif. Il renvoie au territoire et sa réalité géographique tout en tenant compte de sa perception et de la dimension sensible du vécu. Le paysage, chargé de valeurs d'usage, peut du coup être considéré comme moteur de la construction des territoires. Il est devenu objet d'études à la fois dans la réalité de l'environnement objectif qu'il constitue et de son appréhension subjective.

Ainsi, en 2001, la Direction de l'espace rural et de la forêt définit le paysage de la manière suivante :
« Le paysage est l'expression d'une relation dynamique entre le territoire concret et celui qui le perçoit »

De même, la Convention de Florence de 2000 garde la définition suivante :
« Le paysage est une partie de territoire telle qu'elle est perçue par les populations, dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations. »

Ces deux définitions que nous retiendrons dans le cadre de cet atlas induisent un nouveau champ dans l'approche des paysages : l'observateur par la prise de conscience de sa perception propre des paysages (ou par la perception sociale ou culturelle) va influer en tant qu'acteur sur l'espace réel de son territoire : de là découle la notion de « faire du paysage » ou d'aménagement paysager. Ces interrelations sous-tendent une dimension dynamique et donc une évolution dans le temps à prendre en compte à la fois dans la réalité du territoire mais aussi dans la subjectivité de sa perception.



L'atlas se veut donc dans un premier temps un outil de connaissance permettant une lecture partagée du territoire afin d'envisager les enjeux de ses évolutions. Il s'appuie pour cela sur la définition d'unités paysagères. La notion d'unité paysagère ne repose pas sur un paysage homogène car un paysage est fondamentalement hétérogène mais sur son caractère unique. Lorsqu'il s'agit de délimiter des unités, la principale difficulté est de faire la synthèse entre des caractères physiques et sociaux des paysages tout en prenant en compte leurs dynamiques respectives. Aussi, l'unité paysagère se détermine par rapport à ses voisines, c'est-à-dire qu'elle acquiert son individualité par comparaison avec les paysages environnants.

Un atlas pour les paysages de la Loire-Atlantique


Les objectifs de l'Atlas à l'échelle du département de Loire-Atlantique



L'élaboration de l'Atlas des Paysages du département de Loire atlantique constitue un acte essentiel s'inscrivant parfaitement dans cette prise de conscience de l'importance du paysage aujourd'hui. Elle se justifie par trois objectifs fondamentaux :

  1. Le premier objectif tient à la définition du concept même de paysage. Cette notion acquiert un sens différent selon les individus, les sensibilités, les institutions, les cultures, les milieux socio-professionnels. Le paysage qui s'offre à tous est le même, pourtant chacun le voit d'une façon différente. Il importe donc de définir une lecture partagée des paysages, afin que nous disposions d'un référent commun permettant une évaluation justifiée de ceux-ci. La richesse et la diversité des paysages de Loire Atlantique qui constituent un « patrimoine paysager » important doivent être clairement identifiées : des « grands paysages » connus et reconnus (comme le Val de Loire, le littoral atlantique, les marais de Brière et de Guérande...), à des paysages certes plus modestes mais non moins dénués d'intérêts comme les plateaux bocagers du nord du département, le vignoble nantais, les vallées des rivières et les grandes zones humides ou les paysages urbains...
  2. L'Atlas a pour second objectif de couvrir la totalité du territoire départemental, afin de déceler l'intérêt ou la problématique de chaque secteur du territoire. Il ne s'agit donc pas de définir un « classement » ou une « hiérarchie » des paysages, mettant en valeur certains secteurs pour leur intérêt paysager et en délaissant d'autres.
  3. Le troisième objectif annoncé se trouve non seulement dans la nécessité de permettre une lecture commune et cohérente du territoire départemental mais aussi d'identifier des enjeux paysagers. Les paysages sont constamment en évolution, chacun à des niveaux différents agit sur ceux-ci. Définir les enjeux paysagers doit permettre à chaque acteur ayant ses propres finalités d'intégrer de façon cohérente par rapport à chaque entité territoriale, la dimension paysagère. L'Atlas doit ainsi constituer un outil d'aide à la décision à l'échelle de chaque territoire. C'est « une grammaire qui permet de lire et de réécrire le paysage ».

A ce titre l'originalité de la démarche de l'atlas des paysages de Loire atlantique est de proposer la mise en place d'outils permettant la large diffusion des contenus de l'atlas. Ils s'appuient notamment sur la création :

  • d'un site internet interactif et totalement réactualisable pour offrir la diffusion la plus large possible et la mise à jour régulière des connaissances en matière de paysage,
  • d'une cartographie interactive consultable en ligne qui permette d'intégrer plus facilement les couches d'informations paysage dans les outils classiques de planification à l'échelle du territoire.
Bloc-diagramme de la ville rivulaire

La démarche mise en œuvre pour réaliser cet atlas s'est non seulement appuyée sur un travail bibliographique et de recherche documentaire important mais aussi sur un travail de terrain considérable permettant de faire émerger la réalité des ambiances paysagères et de mieux comprendre la structure des paysages départementaux. Ce travail s'est enrichi des échanges réguliers avec le comité technique et le comité de pilotage qui ont constitué tout au long de l'élaboration de l'atlas une véritable ressource et une force de proposition.

Présentation de l'outil : « une grammaire pour mieux lire et écrire les paysages »


Imaginer un atlas des paysages avec une large diffusion sur internet ou par Système d'Informations Géographiques (SIG), c'est aussi proposer un accès différent et facilité à l'information. Ainsi le site de l'atlas propose différentes entrées pour découvrir les paysages : par familles de paysages, par la cartographie, par communes ou par le texte. L'atlas a été conçu pour donner un même niveau d'information sur chaque unité et sous unité paysagère. Ce contenu formel et sa mise en forme (notamment en ce qui concerne la cartographie) a été longuement travaillé par un comité de pilotage réunissant un groupe d'experts ou d'acteurs de terrain en prenant comme support une unité paysagère « test » complexe à savoir la couronne viticole composite (celle-ci fait ainsi l'objet d'un développement un peu spécifique dans le site).

Chaque Unité est donc décrite comme suit :

1. Présentation des ambiances paysagères

  • Bloc diagramme illustrant les caractéristiques de l'unité
  • Carte de l'Unité et description des limites
  • Carte de localisation dans le département
  • Croquis de synthèse des ambiances (hyperpanorama)
  • Un extrait pictural et écrit d'expression d'artistes sur l'unité
  • Une description sensible et une expression des principaux composants paysagers (la terre, l'eau, l'architecture, l'économie et déplacements)
2. Description structurelle de l’unité

  • Le socle physique : Géologie - Relief - Hydrographie - Végétation (occupation du sol)
  • L'empreinte humaine : Histoire - Habitat, Architecture et urbanisme - Infrastructure - Agriculture et Economie - Analyse structurelle
3. Qualification des limites paysagères de l’unité

4. Description des Sous- Unités paysagères

  • Introduction sur les critères déterminant les sous unités
  • Carte de détail de la sous unité paysagère et de ses composantes
  • Bloc-diagramme synthétique de la sous unité
  • Texte illustré de description de la sous unité
5. Perception des tendances d’évolution

  • Approche statistique et documentaire des évolutions de l'unité
  • Blocs-diagrammes ou croquis d'évolution réalisés à partir de données cartographiques historiques sur un territoire emblématique des évolutions de l'unité
  • Description illustrée des évolutions et mise en lumière du caractère dynamique des paysages
6. Définition des enjeux de l’unité

  • Carte des enjeux
  • Texte illustré des enjeux liés aux évolutions perçues, projetées ou pressenties des paysages

Le site internet présente également une partie observatoire qui permettra de suivre sur le long terme l'évolution des paysages.
La navigation du site internet permet de retrouver rapidement l'information souhaitée et des modules d'édition au format pdf autorisent le téléchargement d'une version mise en forme pour l'impression du contenu du site. Les cartographies peuvent être téléchargées séparément et peuvent être mises en forme de manière interactive sur l'interface Carmen du ministère. Le report sur SIG de la cartographie s'est appuyé sur un travail spécifique des fonds de carte, des limites et continuités paysagères, un repérage spécifique des éléments de paysage marquants. L'ensemble de la saisie de ces données a été réalisé à une échelle 1/25 000ème.

L’esquisse d’un territoire d’interface modelé par les eaux


Marais de l’Erdre

Lorsque l'on dresse un portrait rapide de la Loire-Atlantique en essayant de caractériser l'ensemble de ses paysages sous une forme synthétique, réduite à l'extrême, il devient tout de suite évident que l'eau est le fil conducteur qui va permettre d'en saisir les contours. En effet, celle-ci est partout présente, sous les formes les plus diverses, à géométrie variable, introduisant de subtiles nuances au fil des saisons, à la fois marine et fluviale, jusqu'à composer le nom même de ce département.
Elle est la clé de compréhension de l'installation des abbayes et des châteaux, du développement des ports, des industries et des villes riveraines, des échanges entre les hommes, de la grande richesse écologique et de la diversité des formes végétales des territoires qu'elle inonde. Il suffit d'emprunter les voies d'eau et de se laisser porter par le courant pour mesurer tous les efforts faits pour la domestiquer, contrôler les niveaux, irriguer, nourrir, transporter. Les multiples ouvrages (canaux, quais, écluses, vannages, cales, etc.) alors rencontrés sont les ultimes témoignages patrimoniaux de cette intense activité humaine, même si, beaucoup encore sont utilisés pour gérer l'étrange alchimie que constitue la rencontre des eaux douces et des eaux marines. Elle est aussi, parfois, inaccessible, cachée, insoupçonnable, et sa connaissance intime nous est alors seulement révélée par les générations de riverains qui ont su composer avec sa présence constante et ses caprices.

Château d’Olivier de Clisson

Mais ce département, qui correspond sensiblement à l'ancien comté nantais, a aussi une autre caractéristique majeure : c'est une 'frontière' à la lisière de la Bretagne, de l'Anjou et du Poitou. Sa façade maritime échancrée, traversée par la Loire, son relief peu accentué et sa position « stratégique » ont attisé toutes les convoitises. Cette bordure instable entre l'océan et « les marches de Bretagne » , a subit tous les assauts, de l'antiquité à la seconde guerre mondiale, laissant de nombreux témoignages et de multiples vestiges de systèmes de défenses, de remparts et d'édifices fortifiés, souvent remaniés ou détruits, puis reconstruits au fil des conquêtes et des invasions.
Les limites restent floues, les architectures se mélangent, mariant habilement le grès, le schiste, le tuffeau ou la terre cuite, l'ardoise, la tuile ou le roseau. Les systèmes agraires s'adaptent aux contraintes des milieux, du climat et de l'économie, favorisant tour à tour l'élevage ou les cultures céréalières, la récolte du sel, l'extraction de la tourbe, l'exploitation des roselières et même l'installation d'un vignoble. Les communautés agricoles et maritimes se côtoient, sans vraiment se confondre, même si elles adoptent parfois les mêmes techniques.

Prairies de la Brière


Cette esquisse un peu sommaire, ébauchée à grands traits, ne décrit cependant pas l'imbrication spatiale subtile des différentes composantes paysagères.
Une analyse fine des composantes paysagères du département va donc constituer la trame de cet Atlas. Au regard de la complexité de ce territoire fortement marqué par des dynamiques à la fois naturelles et humaines, l'atlas devra permettre par la synthèse qu'il propose de mieux comprendre la configuration des paysages, leurs dynamiques d'évolutions et les enjeux qui en découlent.

Inventaire des paysages de Loire-Atlantique




L'étude des paysages de la Loire Atlantique nous a conduits à un découpage du département en 15 unités de paysages, regroupées en quatre familles :

  • Les paysages de plateaux qui comprennent la presqu'île guérandaise, la couronne viticole composite, le plateau bocager méridional, le plateau viticole, le bocage suspendu du sillon de Bretagne, Les contreforts ligériens du pays d'Ancenis, les marches de Bretagne orientales et occidentales,
  • Les paysages ligériens qui rassemblent, la Loire des promontoires, la ville rivulaire, la Loire estuarienne, la Loire monumentale
  • Les paysages urbains qui comprennent la ville rivulaire, l'agglomération nantaise, la côte urbanisée
  • Les paysages littoraux et de marais qui réunissent la côte urbanisée, la presqu'île guérandaise, et les grands marais.

Des paysages départementaux aux enjeux multiples


Ce qui frappe le plus dans la description des dynamiques d'évolution des paysages départementaux, c'est certainement la fermeture de ces paysages qui se traduit par des horizons de plus en plus proches. Le mitage urbain, les boisements par enfrichement des zones de déprise agricole ou dans les nombreux délaissés routiers, le maraîchage avec ses infrastructures de serres constituent autant de nouveaux écrans visuels qui masquent progressivement les paysages. Sur certains secteurs, ce sont d'immenses pans de territoire qui disparaissent de notre perception au quotidien. C'est notamment le cas des paysages de grands marais qui se découvrent au dernier moment.

Le département de Loire-Atlantique présente une réelle diversité de zones humides qui sont non seulement des réserves remarquables de biodiversité mais aussi et surtout des paysages singuliers riches de leur diversité. Aux portes des grandes agglomérations (Nantes, Saint Nazaire, Redon) ces paysages constituent certes des espaces de respiration qui contrebalancent l'intensité des paysages urbains mais sont aussi sous la menace de la pression urbaine. Les évolutions progressives constatées posent directement l'enjeu de la maîtrise de ces pressions humaines et peuvent bénéficier du retour d'expérience de l'urbanisation littorale. Cette dernière pose à elle seule la question de la banalisation des paysages au regard des extensions pavillonnaires et des zones d'activités qui ont progressivement scellé le continuum urbain rendant parfois l'accès à la côte illisible.

La lecture des paysages urbains au travers de l'atlas montre par ailleurs leur incroyable dynamique de renouvellement (c'est notamment le cas du secteur de l'île de Nantes) qui montre l'enjeu de reposer la question de la cohérence paysagère dans les renouvellements urbains. Et si le socle paysager pouvait ressurgir des ces zones souvent aménagées de manière fonctionnelle ?
Un autre enjeu d'avenir pour les paysages de ce territoire départemental concerne les grands projets d'infrastructure en réflexion. Ces derniers posent non seulement la problématique de leur inscription dans un paysage déjà fortement artificialisé et des effets induits (et déjà observés auparavant sur le paysage) sur les territoires proche : catalyse de la pression urbaine (à la fois pavillonnaire et d'activités), rupture de continuité paysagères (et écologiques). Ces pressions et ces mutations pressenties, localisées dans les cartes d'enjeux des unités, révèlent la question de la création d'un paysage aux dépens d'un autre, de l'extension inéluctable de certaines unités paysagères, de la disparition de certaines identités avec l'apparition de nouvelles composantes paysagères.



Nous sommes les artisans de la dynamique d'évolution de nos paysages et ils prennent la forme que nous voulons bien leur donner. Si l'histoire des paysages du département de Loire Atlantique montre les interventions humaines aussi variées que marquantes, les tendances d'évolution montrent une réelle négation progressive de la géographie sur laquelle ces paysages se sont construits. Il ne s'agit pas de retourner nostalgiquement à un âge d'or qui n'existe pas mais bien d'utiliser cet atlas comme un point de départ pour mieux comprendre les paysages, leur structure, et intervenir non pas dans une abstraction totale mais dans la réalité d'un site où il s'agit d'exprimer une identité et non de reproduire des banalités.