Le lac de Grandlieu

Cette sous-unité est très nettement délimitée : - Au nord, un écran boisé continu barre l'horizon. - A l'est, la limite est beaucoup plus subtile vers la pénéplaine de la Chevrolière puisque des boisements discontinus laissent quelques perméabilités visuelles entre les deux paysages. - Au sud et à l'ouest, les limites topographiques des coteaux bocagers viticoles sont très lisibles.
« A travers le lacis resserré des branchages,
Des pans opaques faisaient rideau, (…)
Il savourait le silence posé comme un couvercle
Sur les rebords du lac (…)
Alors très lentement les bancs de brume
Glissèrent sur l’espace liquide.
Alors l’aurore jeta sur cette profondeur secrète
Un voile de lumière éclatante. (…)
Puis la nuit renouera son tablier de nuées
Et la paix des eaux mortes engloutira
Tous les reflets du miroir frémissant. »
Yves Cosson, Images d’eau

Seul espace lacustre naturel du département, le lac de Grandlieu se distingue par sa vaste étendue horizontale d’eau libre, un miroir d’eau. L’horizon s’éloigne de manière spectaculaire contrastant avec les vues très proches que l’on trouve autour du lac. Cet éloignement combiné avec les effets atmosphériques de l’eau compose un paysage quasi monochrome déclinant un camaïeu de bleus sur les strates superposées de l’horizon. La simplicité de ces éléments donne toute la mesure des phénomènes éphémères, tels que la lumière, le climat ou les envols d’oiseaux.


L’eau transparaît également dans la faune mais aussi la flore spécifique liée aux marais et au lac : l’herbier flottant de nénuphars et de châtaignes d’eau recouvre l’onde d’un tapis végétal. Sur les rives, un liseré de plantes herbacées comme les roseaux ourlent les eaux d’un ruban vert qui se dore à l’automne et durant l’hiver.


Les ouvrages et infrastructures jouent également de l'adaptation au milieu lacustre. Ainsi, les prairies inondables sont carroyées d'un réseau de fossés et de petits canaux qui redistribue l'eau et permet de circuler en barque jusqu'au lac.


Compte tenu de la difficulté de toute implantation humaine sur les zones d'eau ou d'inondation, il n'existe pas ou très peu d'habitat dans le paysage lacustre. L'occupation humaine se fait donc en bordure de lac ou de vallée et constitue à chaque fois un point de transfert entre les espaces lacustres et terrestres matérialisés par des quais ou des zones d'embarquement.
L'EMPREINTE HUMAINE

Divers projets d'assèchement du lac échouent au XIXe, au début du XXe siècle et en 1947. En 1977, Jacques Guerlain fait don du site à l'État français en obtenant en contrepartie que cette zone soit déclarée réserve naturelle (1980).
En 1992, du fait de l’eutrophisation du lac un plan de sauvetage est mis en place.
En 2008, les 650 hectares gérés par la Fédération des chasseurs de Loire-Atlantique ont été classés en réserve naturelle régionale.
Le site connaît ainsi un niveau de protection fort, car il est concerné par les différentes protections suivantes :
• Réserve naturelle nationale
• Site classé
• ZPS
• Loi littoral (coupure à l’urbanisation à Saint-Aignan les Grandlieu).
Des légendes circulent : selon une ancienne légende, une cité païenne nommée « Herbauges » serait engloutie sous le lac depuis le VIe siècle. Ce châtiment divin aurait été la conséquence du très mauvais accueil que la ville fit à l'évangélisateur nantais saint Martin de Vertou. De nos jours encore, il serait possible d'entendre les cloches de la cité engloutie sonner chaque soir de Noël. légende (Herbauges, l’île Dun…)
HABITAT ET ARCHITECTURE
Les matériaux de construction utilisés sur la sous-unité sont le granit, le calcaire et le schiste. Le matériau de couverture traditionnel est la tuile canal.

ORGANISATION URBAINE
Au sud, le coteau viticole habité offre quelques belvédères sur le lac. Les ports d'accès du lac sont séparés des bourgs principaux et reliés au lac par des canaux. Au Nord, un important cordon boisé masque les franges urbaines constituées d'extensions résidentielles récentes. Dans l'ensemble, les extensions récentes observées sur l'unité sont peu intégrées au paysage.

Le village de pêcheurs de Passay (La Chevrolière) présente une structure urbaine dense spécifique. Passay regorge de petites rues, avec des maisons basses, témoignant de l'ancienneté du village.

ANALYSE STRUCTURELLE
La pêche

Tourisme
Du fait de son classement en zone protégée, l'accès au lac de Grand-lieu est restreint. La navigation y est interdite, sauf pour six pêcheurs professionnels qui possèdent une autorisation spéciale. Le lac de Grand lieu est difficile d'accès. Hormis lors des crues d'hiver, il n'est directement accessible qu'à quelques endroits bien précis, comme à Bouaye au nord, ainsi qu'à Saint-Aignan-Grandlieu au lieu dit la Pierre Aigüe, à la maison des pêcheurs de Passay à La Chevrolière à l'est, il est également visible depuis le sommet du clocher de l'église de Saint-Lumine-de-Coutais au sud-ouest. Pour les visiteurs, un éco-musée est crée à Passay présentant le lac et son écosystème ainsi que l'histoire des pêcheurs locaux. Un observatoire permet aussi de voir la faune évoluer dans son milieu.