Le lac de Grandlieu

Coteau doux bocager viticole qui marque l’horizon sud et ouest du lac


Cette sous-unité est très nettement délimitée : - Au nord, un écran boisé continu barre l'horizon. - A l'est, la limite est beaucoup plus subtile vers la pénéplaine de la Chevrolière puisque des boisements discontinus laissent quelques perméabilités visuelles entre les deux paysages. - Au sud et à l'ouest, les limites topographiques des coteaux bocagers viticoles sont très lisibles.
« A travers le lacis resserré des branchages, Des pans opaques faisaient rideau, (…) Il savourait le silence posé comme un couvercle Sur les rebords du lac (…) Alors très lentement les bancs de brume Glissèrent sur l’espace liquide. Alors l’aurore jeta sur cette profondeur secrète Un voile de lumière éclatante. (…) Puis la nuit renouera son tablier de nuées Et la paix des eaux mortes engloutira Tous les reflets du miroir frémissant. » Yves Cosson, Images d’eau
Le Lac de Granlieu des ambiances lacustres uniques dans le département


Seul espace lacustre naturel du département, le lac de Grandlieu se distingue par sa vaste étendue horizontale d’eau libre, un miroir d’eau. L’horizon s’éloigne de manière spectaculaire contrastant avec les vues très proches que l’on trouve autour du lac. Cet éloignement combiné avec les effets atmosphériques de l’eau compose un paysage quasi monochrome déclinant un camaïeu de bleus sur les strates superposées de l’horizon. La simplicité de ces éléments donne toute la mesure des phénomènes éphémères, tels que la lumière, le climat ou les envols d’oiseaux.
Paysage de la Vallée de l’AcheneauCette horizontalité se retrouve aussi, au niveau des marais et des prairies inondables de la vallée de l'Acheneau. Ces espaces également très ouverts sont occupés par des prairies de pâture ou de fauche, des marais ponctués de bosquets de saules. C'est là, que le lac s'étend l'hiver marquant encore plus franchement cette horizontalité. Cette horizontalité du paysage inspire le calme, un équilibre paisible et parfois même une certaine mélancolie.
Le lac, un jardin d’eau, un paysage qui se distingue par sa faune et sa flore


L’eau transparaît également dans la faune mais aussi la flore spécifique liée aux marais et au lac : l’herbier flottant de nénuphars et de châtaignes d’eau recouvre l’onde d’un tapis végétal. Sur les rives, un liseré de plantes herbacées comme les roseaux ourlent les eaux d’un ruban vert qui se dore à l’automne et durant l’hiver.
Cordon boisé de saules qui enchâsse le lacLes saules marquent de leur feuillage fin et labile les bosquets d’eau et les forêts flottantes des levis. Tout ce cortège de plantes et d’arbres adapté aux milieux humides ou aux conditions d’inondations marque par sa singularité et sa saisonnalité les paysages lacustres ou de vallées.
canal joignant le lac à St Lumine de Coutais


Les ouvrages et infrastructures jouent également de l'adaptation au milieu lacustre. Ainsi, les prairies inondables sont carroyées d'un réseau de fossés et de petits canaux qui redistribue l'eau et permet de circuler en barque jusqu'au lac.
des espaces boisés fermés qui contrastent avec le paysage ouvert du lacLa présence de cordons boisés terrestres ou lacustre rend plus complexe la lecture de ce paysage. Ils constituent des écrans opaques qui masquent presque totalement la surface d’eau libre du lac. Ce lac est donc très discret et ne se découvre qu’au dernier moment sur de rares points de vue où la traversée des espaces boisés contribue à la mise en scène de la découverte du lac.
Architecture caractéristique aux abords du lac


Compte tenu de la difficulté de toute implantation humaine sur les zones d'eau ou d'inondation, il n'existe pas ou très peu d'habitat dans le paysage lacustre. L'occupation humaine se fait donc en bordure de lac ou de vallée et constitue à chaque fois un point de transfert entre les espaces lacustres et terrestres matérialisés par des quais ou des zones d'embarquement.

L'EMPREINTE HUMAINE


Carte de Cassini, XVIIIème siècle Jusqu'aux travaux de canalisation au XVIIIe siècle, l'eau du lac s'évacue via un large marécage autour de l'île des Couëtils, pour rejoindre le cours du Tenu qui traverse cette zone avant de rejoindre la Loire. Le lieu de confluence avec le Tenu se faisait au niveau de l'île Marguerite. Les inondations étaient alors fréquentes. Au XVIIIe siècle, les travaux de canalisation ont profondément modifié la vie du lac. Au nord le creusement du canal de l'Acheneau permet de réguler les flux.
Divers projets d'assèchement du lac échouent au XIXe, au début du XXe siècle et en 1947. En 1977, Jacques Guerlain fait don du site à l'État français en obtenant en contrepartie que cette zone soit déclarée réserve naturelle (1980). En 1992, du fait de l’eutrophisation du lac un plan de sauvetage est mis en place. En 2008, les 650 hectares gérés par la Fédération des chasseurs de Loire-Atlantique ont été classés en réserve naturelle régionale. Le site connaît ainsi un niveau de protection fort, car il est concerné par les différentes protections suivantes : • Réserve naturelle nationale • Site classé • ZPS • Loi littoral (coupure à l’urbanisation à Saint-Aignan les Grandlieu). Des légendes circulent : selon une ancienne légende, une cité païenne nommée « Herbauges » serait engloutie sous le lac depuis le VIe siècle. Ce châtiment divin aurait été la conséquence du très mauvais accueil que la ville fit à l'évangélisateur nantais saint Martin de Vertou. De nos jours encore, il serait possible d'entendre les cloches de la cité engloutie sonner chaque soir de Noël. légende (Herbauges, l’île Dun…)

HABITAT ET ARCHITECTURE


Les matériaux de construction utilisés sur la sous-unité sont le granit, le calcaire et le schiste. Le matériau de couverture traditionnel est la tuile canal.
Longère vendéenneL'architecture locale est du style latin, type vendéen. Le plan de ce type de maison s'étend en longueur et la maison ne comporte généralement pas d'étage. Les murs extérieurs sont faits de petites pierres maçonnées d'argile et la plupart du temps enduits et blanchis à la chaux. Le toit à très faible pente est fait de tuile creuse romaine, dit canal ou « tige de botte », pigeonné sur sa majeure partie ou en totalité. Il est souvent doté d'une corniche composée d'une ou deux rangées de tuiles creuses en brique, dite « génoise ».

ORGANISATION URBAINE


Au sud, le coteau viticole habité offre quelques belvédères sur le lac. Les ports d'accès du lac sont séparés des bourgs principaux et reliés au lac par des canaux. Au Nord, un important cordon boisé masque les franges urbaines constituées d'extensions résidentielles récentes. Dans l'ensemble, les extensions récentes observées sur l'unité sont peu intégrées au paysage.
Carte postale ancienne du port de Passay (Archives départementales 44)


Le village de pêcheurs de Passay (La Chevrolière) présente une structure urbaine dense spécifique. Passay regorge de petites rues, avec des maisons basses, témoignant de l'ancienneté du village.
Passay - Dessins-minutes originaux de la carte d'Etat-Major établie au XIXème siècle, entre 1825 et 1866 (source : géoportail.fr)Passay est le seul village de pêcheurs autour du lac de Grand-Lieu. La pêche y est pratiquée depuis le Moyen-Age, ainsi que l'attestent des archives remontant au 12ème siècle. Le village est constitué de rues étroites et de maisons basses.

ANALYSE STRUCTURELLE


La pêche


Pêche et pâture au bord du lac de Grandlieu (Archives départementalesOn a retrouvé des vestiges de pirogues monoxyles et des traces de peuplades celtiques sur le site du lac, signes de l'ancienneté de l'utilisation du lieu pour la pêche. À partir du Moyen Âge la pêche sur le lac est un droit seigneurial qui ne sera remis en cause qu'en 1907. À cette époque se crée une coopérative de pêcheurs professionnels. En 1920, ils sont 120 puis 74 en 1938, 21 en 1967 et 8 en 2010. Avant l'apparition de la motorisation, l'embarcation utilisée pour la pêche était la plate, qui s'apparente à la toue de Loire et à la yole du Marais breton.

Tourisme


Du fait de son classement en zone protégée, l'accès au lac de Grand-lieu est restreint. La navigation y est interdite, sauf pour six pêcheurs professionnels qui possèdent une autorisation spéciale. Le lac de Grand lieu est difficile d'accès. Hormis lors des crues d'hiver, il n'est directement accessible qu'à quelques endroits bien précis, comme à Bouaye au nord, ainsi qu'à Saint-Aignan-Grandlieu au lieu dit la Pierre Aigüe, à la maison des pêcheurs de Passay à La Chevrolière à l'est, il est également visible depuis le sommet du clocher de l'église de Saint-Lumine-de-Coutais au sud-ouest. Pour les visiteurs, un éco-musée est crée à Passay présentant le lac et son écosystème ainsi que l'histoire des pêcheurs locaux. Un observatoire permet aussi de voir la faune évoluer dans son milieu.