Description


Les composantes physiques identitaires


Carte géologique de l'unité



L'agglomération de Nantes s'implante sur le plateau cristallin (granits gneiss et schistes) du sillon de Bretagne qui imprime sa direction armoricaine nord-ouest sud-est au paysage. Ce socle constitue un véritable promontoire urbanisé qui domine les vallées. On retrouve ces matériaux surtout dans la construction des murs d'enceinte de parcs ou des murs de clôture des jardins en cœur d'îlots.

Carte du relief de l'unité


Le relief est littéralement dessiné par le socle géologique, les vallons secondaires de la Chézine, du Cens et du Gesvres suivent la direction de maillage armoricaine. Ils découpent le socle en ondulations successives presque régulières. C'est particulièrement lisible lorsque l'on emprunte les boulevards de ceinture dont les voies semblent dessinées sur de la tôle ondulée. Cela crée des jeux de covisibilités assez originaux dans la ville. A l'est, le relief est moins découpé, voire quasi plan.
Carte agricole


La couronne agro-naturelle de l'agglomération traduit directement la diversité du positionnement de carrefour de la ville: à l'est se développe une vaste plaine maraîchère qui se prolonge de manière plus sporadique sur le nord. A l'ouest, les extensions urbaines s'intercalent dans une trame bocagère résiduelle qui s'étire à partir des vallées. Plus au sud, l'agglomération frange les limites du vignoble.
Nantes : fin du XXème siècle


Occupation du sol de l’agglomération Nantaise – Détail des territoires artificialisés en 2006 (Source : Corine Land Cover)


L'unité est largement urbanisée. Le tissu urbain qualifié de continu est circonscrit au centre de Nantes : le reste de l'agglomération est constitué d'un tissu urbain plus aéré et lâche. Les zones d'activité sont situées en entrée d'agglomération, le long des principaux axes de communication. On devine clairement les vallées urbaines constituées d'espaces verts et d'équipements.

L'empreinte humaine


L'histoire urbaine de Nantes et de son agglomération est structurée par les fonctions prédominantes qui se sont succédées. L'Homme est venu s'installer vers 2000 avant J-C, en provenance de la péninsule ibérique. Plus précisément, c'est sur la rive nord de la Loire, au confluent avec la rivière de l'Erdre que les hommes ont érigé leurs premiers édifices.
Nantes naît vers 800 avant JC. Cette implantation ancienne est d'abord liée à une vocation de passage : les îles de Nantes permettent de franchir la Loire et d'établir des ponts. De plus, la présence de métaux et l'activité métallurgique qui en découle participent à l'attractivité du lieu.
Nantes apparaît donc très tôt comme un lieu d'échange.

À l'époque gauloise, la ville est habitée par les Namnètes, avant d'appartenir à l'Empire romain, période pendant laquelle elle se fortifie pour faire face aux invasions. Nantes subit un assaut germanique vers 275 et des murailles y sont construites dès les années 280 à 300. Cette enceinte subsistera jusqu'au XIIIe siècle et sera alors reprise par les murailles ducales.

Après l'effondrement de l'Empire romain, au début du VIe siècle, Clotaire Ier, roi des Francs, s'empara de Nantes. L'évêque, Saint Félix, prit alors en main les destinées de la ville dont il fut le premier gouverneur. Il entreprit des travaux considérables pour agrandir le port et assainir les marais de l'Erdre. Le canal Saint-Félix perpétue le souvenir de l'évêque. En 843, eut lieu la première des six invasions que Nantes eut à subir des Normands. Une grande partie de la population fut massacrée. Nantes est conquise en 851 par Nominoé et devient alors Bretonne. Ce n'est qu'en 937 qu'Alain Barbetorte chassa définitivement Les Normands et releva Nantes de ses ruines.

Nantes devient enfin française suite à l'Acte d'Union de la Bretagne à la France (1532). La fonction militaire est prédominante au Moyen-Age, et ce sont le commerce maritime et fluvial qui apparaissent comme principal moteur du développement de la ville.

Au IXème siècle est constituée la première ligne continue de ponts.
Nantes est capitale de Bretagne au XVème siècle. Le château des ducs de Bretagne fut la résidence principale des ducs de Bretagne, du XIIIe au XVIe siècle.
Les premiers chantiers navals apparaissent à la fin du XVème siècle.

L'enrichissement de la ville à la fin du XVIIème et au XVIIIème siècle découle de la traite des esclaves noirs d'Afrique, Nantes étant une escale du commerce triangulaire jusqu'à son abolition en 1831.

Courant XIXe et XXe siècle, l'industrie remplace l'économie coloniale dans son rôle de moteur économique. L'industrie sucrière, l'agroalimentaire, ainsi que la métallurgie (biscuiteries, conserveries, constructions navales...), vont enrichir la ville, qui va alors entamer de nouveaux travaux d'embellissement.
Rue de Strasbourg (Source : BING)Le XIXème siècle apporte de profondes transformations, à l'image de la rue de Strasbourg, axe majeur qui « coupe la ville en deux » et constitue une rupture urbaine importante.
Présentation du projet de reconstruction lors d’une exposition d’urbanisme en 1945 (source : archives municipales de Nantes - La reconstruction de Nan


Nantes est durement touchée par la guerre. Après différents projets de reconstruction, c'est le projet de Roux-Spitz qui sera retenu en 1945.
A partir des années 1950 la ville centre observe un déclin démographique au profit des communes voisines. Les lotissements résidentiels en première couronne se multiplient, des programmes de grands ensembles de logements sociaux sont mis en oeuvre en périphérie...
En 1967 est créée l'Association Communautaire de la Région Nantaise (ACRN), première structure de coopération intercommunale englobant 36 communes.

Nantes devient une cité administrative à partir des années 70. Le secteur tertiaire et le secteur résidentiel se développent fortement. C'est la naissance d'une agglomération impliquant les premières conurbations. Des projets d'infrastructures et d'organisation de schéma d'urbanisme à l'échelle de l'agglomération voient le jour.
Schéma d'aménagement de l'aire métropolitaine Nantes - Saint-Nazaire (zoom) DATAR 1970


En 1970, est lancé le schéma directeur d’aménagement de l’aire métropolitaine Nantes-Saint-Nazaire (SDAMM), concernant 70 communes de l’estuaire de la Loire, dans le cadre de la politique dite des métropoles d’équilibre (nécessité de rééquilibrer le territoire français face à l’expansion de la région parisienne). Des réserves foncières pour les équipements publics, les zones industrielles, l'habitat et les zones naturelles ont été réalisée dès le début des années 1970. C'est au cours des années 1990 que se réalisent les infrastructures routières prévues, à l'exception de la voie rapide de Saint-Nazaire à La Roche-sur-Yon. Quant aux liaisons ferroviaires, si le TGV Atlantique dessert bien Nantes, Saint-Nazaire et Le Croisic, ce n'est que depuis 1999 que des liaisons directes rapides ont été mises en place entre Nantes et Saint-Nazaire.

En 1982 est créé le syndicat intercommunal à vocation multiple de l’agglomération Nantaise (SIMAN) regroupant les 19 communes correspondant à l’unité urbaine définie par l’INSEE. Le SIMAN va impulser une approche globale du développement de l’agglomération où les transports et les déplacements joueront un rôle structurant.

En 1989, les élus de l’agglomération nantaise se dotent d’un projet d’agglomération. En 1992, le District de l’agglomération nantaise est créé, regroupant 20 communes (21 en 1995). Il devient la communauté urbaine de Nantes, qui regroupe bientôt 24 communes.

On observe depuis lors une croissance démographique forte de l’agglomération accompagnée d’une explosion de la construction de logements neuf et d’une forte consommation d’espace agricole et naturel (voire plus bas analyse structurelle chapitre démographie). Le développement se déporte peu à peu sur la seconde couronne de l'agglomération, où les familles recherchent des logements individuels disposant de jardins à moindre coût. Les modes de vies évoluent, avec une dépendance de plus en plus forte à l'automobile dans la vie quotidienne, et des encombrements importants qui caractérisent désormais l'ensemble de l'agglomération et non plus la seule ville centre. La place des infrastructure et de l'automobile dans les paysages est ainsi devenue prédominante.

INFRASTRUCTURES


Le réseau routier et le réseau ferré


L’agglomération abrite une typologie de voies variée : voies rapides, cours, ruelles et voies privées (au statut particulier)… Ce tissu de voies définit l’échelle des îlots, fortement diversifiée selon les fonctions et les époques des différents quartiers. Il peut être très dense (comme dans le centre historique), comme quasi inexistant (dans les zones d’activité par exemple).
Dans les quartiers correspondants aux extensions de ces cinquante dernières années, ce réseau est souvent peu hiérarchisé : une grande partie de la desserte locale est assurée par des voies en impasse.
L’agglomération nantaise abrite des flux domicile-travail importants et leur corollaire, les encombrements, qui font aussi partie des ambiances urbaines.
L’agglomération compte plusieurs voies express qui véhiculent leur propre paysage. Autoroutes et périphérique nantais ont ainsi été conçus comme des couloirs de déplacements agrémentés de plantations sur les espaces de déblais et remblais créés à l’occasion de leur réalisation et qui masquent les paysages environnants.
Le périphérique est relativement éloigné du centre de Nantes. Il a conditionné fortement l'évolution de l'agglomération : son positionnement a ainsi favorisé une urbanisation consommatrice d’espace (on peut habiter loin du centre de Nantes, et en théorie accéder rapidement au centre en automobile tout en bénéficiant d'un cadre de vie périurbain et d'un logement moins cher). Les zones d'activités se sont par ailleurs greffées à l'intersection du périphérique et des principales voies d'accès à l'agglomération.
Une partie des voies gagnées sur les bras de la Loire et de L’Erdre sont situées sur cette unité. Ces voies ont permis de dessiner un espace public à l’échelle d’une grande métropole.

Transports en commun


Plan du réseau TAN (Source : TAN)Le réseau de transports en commun structure fortement le paysage urbain. Le tramway a en effet été un vecteur important de renouvellement de l'espace public, mais aussi d'animation (voir partie évolution).

Réseau ferré


L'unité est marquée par le chemin de fer, qui demeure une rupture fonctionnelle et paysagère non négligeable, à l'est de l'unité notamment.

Des attributs métropolitains


Nantes a toujours été perçue par ses visiteurs comme une « grande ville ». Son paysage urbain présente en effet certaines caractéristiques étonnantes. Au-delà de son foisonnement d'activités et de ses encombrements, c'est surtout la mise en scène du bâti par l'espace public qui participe à cette impression. Ainsi, certains espaces publics majeurs présentent-ils une échelle démesurée (anciens cours de la Loire et de l'Erdre notamment), tandis que de nombreuses rues bordées d'immeubles hauts sont quant à elles très étroites, permettant une mise en scène de « grande ville » (rue d'Orléans: 8,5 mètres, rue Crébillon : 9 mètres, rue du Roi Albert : 14 mètre).
Ce qui fait aussi le charme de l'agglomération nantaise, aussi l'opposition entre la ville austère de la fin du XVIIIème et le relief ondoyant des bords de Loire.

HABITAT ET ARCHITECTURE


Lorsque l'on arrive à Nantes, on y sent une odeur de pierre à Briquet, de granit.
L'unité est aussi située au carrefour des différents styles architecturaux.
Une grande diversité des typologies architecturales



Les matériaux de construction utilisés sont le calcaire et le schiste. Les matériaux de couverture utilisés sont l'ardoise au nord (île Feydeau), et la tuile canal au sud (Trentemoult).



Rive droite de la Loire, la maison rurale traditionnelle du pays Nantais, en longueur, est un compromis entre la maison de Châteaubrient et celle du pays d'Ancenis. Les murs sont en maçonnerie de pierres irrégulières revêtues d'un crépi de ton neutre. En revanche les ouvertures sont souligées par un badigeon au blanc de chaux.

Bombardements (source : fond d'archives numérisé du conseil général de Loire Atlantique  hhttp://www.loire-atlantique.fr)On y observe aujourd'hui une grande diversité architecturale, depuis la ville ancienne médiévale et classique, les reconstructions de l'après guerre et les grands ensembles, les lotissements résidentiels des années 1990 et l'architecture contemporaine de haute qualité environnementale, sans oublier les constructions industrielles et tertiaires.

A ce patrimoine ordinaire s'ajoute un patrimoine remarquable, qui doit autant à l'époque classique qu'à l'époque contemporaine (A Saint-Sébastien : construction de la « Cité des Castors » de la Profondine inaugurée en 1956, à Rezé, construction de la maison radieuse inaugurée en 1955, à Saint-Herblain, le sillon de Bretagne est le plus grand immeuble HLM de l'Ouest de la France, achevé en 1974).

ORGANISATION URBAINE


Les différents types d’organisation urbaine de l’agglomération sont détaillés par sous-unités paysagères.
Les extensions de l'agglomération ne se sont pas faites progressivement mais par « blocs », par pans de ville entiers, et ont ainsi formé une mosaïque de quartiers parfois peu hiérarchisée. Cette mosaïque définit une ambiance globalement « verte ».

Le cœur de ville dense hérité du XVIIIème et XIXème siècle à l’ouest est complété à l’est par un cœur de ville composite ou se juxtaposent bâti ancien, grands ensembles, emprises importants dédiées aux équipements publics et espaces verts.
Nantes présente, en s’éloignant de l’hyper-centre classique, des cœurs d‘îlots verts composés de jardins privatifs et irrigués par des cheminement piétons. Ces cœurs d’îlots ont permis de conserver une véritable qualité du cadre de vie et sont caractéristiques de l'art de vivre nantais.
Les espaces résidentiels forment une mosaïque de quartiers résidentiels à l’ambiance toujours verdoyante, mais dont la trame urbaine manque souvent de hiérarchisation : les voies de transit automobile permettent d’accéder à des poches d’habitat refermées sur elles-mêmes et comportant de nombreuses impasses. Cette mosaïque de quartier est ponctuée de quartiers de grands ensemble, pour la plupart en cours de renouvellement urbain.
Par delà la ceinture de zones d’activités, on retrouve sur les communes de troisième couronne une urbanisation de type périurbaine, sous forme presque exclusivement pavillonnaire, fortement consommatrice d’espaces.

ANALYSE STRUCTURELLE


Démographie


6ème agglomération française, Nantes Métropole compte désormais 590.000 habitants, et les projections démographiques à horizon 2020 tablent sur un potentiel de 640.000 personnes.

« Signe de la vitalité du territoire, la part du solde migratoire dans la croissance de la population s'établit ici à 37%, soit le taux le plus élevé parmi les grandes métropoles françaises », relève l'agence d'urbanisme dans son diagnostic territorial établi en 2002.

Economie


Les activités industrielles identitaires de la « ville de fer » ont aujourd'hui disparues et ont laissé peu de traces dans le paysage :

- Port,
- Chantiers navals,
- Raffinerie de sucre,
- Conserveries,
- Biscuiteries,
- Manufacture de tabac.
Bâtiment LU (Source : Nantes.fr)Nantes s'affirme désormais comme une métropole de services majeure. Les sociétés de conseil et assistance (Technologie de l'Information et de la Communication, conseils aux entreprises, médias), les activités financières et les biotechnologies constituent le coeur de développement du secteur tertiaire local.
Malgré de profondes mutations, le territoire a cependant su conserver un socle industriel puissant : agroalimentaire, aéronautique, construction navale et industrie nautique, ensemble matériaux - mécanique.
Carte des zones d’activité (Source : http//www.nantes-developpement.com)


Avec la tertiarisation des activités et des emplois, on observe en corollaire un accroissement très sensible de la proportion de cadres et de professions intermédiaires et supérieures. Le bassin d'emplois nantais compte aujourd'hui 28 200 emplois de cadres et ingénieurs, et a enregistré une croissance très vive sur ce type de fonctions.
L'augmentation des habitants de Nantes Métropole s'accompagne d'une croissance encore plus marquée de la population active : ainsi, avec 256 000 actifs, soit 46 % de ses habitants, Nantes Métropole a vu sa population active augmenter de 12 % entre 1990 et 1999.

Tourisme


Entre 2006 et 2008, le nombre de visiteurs étrangers a augmenté de 42%.
L'avantage de l'agglomération nantaise est de ne pas être une ville musée. Nantes, qualifiée par certains de « demi-Bordeaux », à la chance de proposer toutes les formes et toutes les époques. Au-delà du centre-ville élargi, les communes de l'agglomération disposent souvent de patrimoines remarquables.
Tourisme plan Nantes métropole 2008 (source : htt //www.nantes-developpement.com)


Agriculture


60% des espaces de Nantes Métropole sont dévolus aux espaces naturels et agricoles et protégés dans le cadre des PLU.
L'agglomération compte 330 exploitations agricoles (1400 emplois) dont 130 exploitations agricoles pratiquant la vente directe. L'agriculture constitue une activité économique importante, avec 15 000 ha de zones agricoles et une très grande diversité de productions et des produits locaux emblématiques.
Les friches agricoles représentent 20% des espaces agricoles actuels, soit 3700 hectares.
Nature et taille des expolitations agricoles


ANALYSE SENSORIELLE


Le paysage est marqué par les ruptures visuelles et physiques. Des Infrastructures de transport quadrillent le territoire et sont une source de nuisances sonores et de changement d’ambiance. Bordée par des coteaux ou des crêtes limitant l'horizon, l’unité nous offre un paysage agréable et varié, allant du rural à l'urbain dense. Mais ces discontinuités font office de repères visuels et géographiques (Pont de Cheviré). Ainsi dans cet espace, les odeurs de la ville se mêlent aux odeurs de la campagne, (muguet au mois de mai). Accompagné d’un vin Nantais, le canard, la mâche, le bœuf Châteaubriand, le brochet, révèlent toutes leurs saveurs. Certains vignerons vous accueillent dans leur domaine pour vous laisser prendre le temps de la découverte.