Les marches de Bretagne orientales


Dans ce paysage, l'expression "aller par monts et par vaux" prend tout son sens. Le tissu parfois dense du bocage suit de grandes ondulations Est-Ouest allant des crêtes boisées aux vallons humides. c'est un véritable paysage d'alternances où le regard sur les crêtes embrasse des horizons boisés lointains où se signalent les bourgs ou le balai des éoliennes et dans les vallons est canalisé par les coteaux bocager sur l'onde paresseuse des rivières. C'est au creux de ces vallons que se révèle le paysage insolite du patrimoine industriel de cette région des forges. Les ressources de la terre (minerais, schiste ardoisier...), l'abondance des boisements et la présence de la force hydraulique de l'eau ont valu à cette région un fort dynamisme industriel dont il ne reste aujourd'hui qu'une architecture singulière et des étangs souvent pittoresques. Ancienne place forte des marches de Bretagne, Châteaubriant s'impose aujourd'hui comme le coeur patrimonial et le principal centre urbain dynamique de ces paysages ruraux encore préservés dans beaucoup d'endroits de la diffusion urbaine.

Terroir rural par excellence, ce paysage tisse à toutes les échelles la trame bocagère. Les haies de chênes sur talus soulignent les moindres ondulations du relief et scandent l'espace avec leur ramure hivernale sombre. Dans les grandes forêts et les fonds de vallons, les masses arborées se font plus enveloppantes. Elles referment le paysage et proposent d'autres textures végétales: de la masse sombre et épineuse de la lande qui se dore de la floraison des ajoncs, aux silhouettes graphiques des pins et de conifères en passant par les feuillages fins des saules et des frènes des fonds de vallons. Terre de culture et terre de pâture, le sol c'est aussi le minerai et la pierre qui donnent de forts accents minéraux à ce paysage.

L'architecture traditionnelle reflète toute la richesse géologique du sous-sol. Les schistes ardoisiers et autres pierres bleues tranchent par leur linéarité dans les appareillages alors que les grès ocres se distinguent par leurs teintes plus chaudes. Les volumes bâtis et les modèles architecturaux sont à la confluence entre les types bretons, angevins et mayennais. ainsi dans l'architecture on lit toute la complexité de ce territoire de marche symbolisé par le château de Châteaubriant. Aujourd'hui les bâtiments industriels, les zones pavillonnaires et les bâtiments d'élevage prennent une place de plus en plus importante dans le paysage. Ils se distinguent par leurs teintes beaucoup plus claires que celles du bâti ancien.

A l'écart des grands axes routiers, le territoire se distingue par son dense réseau de petites routes de campagnes bordées de haies. Seules se distinguent les anciennes nationales ou les départementales jalonnées d'accotements plus larges et de zones d'activités. Ce paysage est aujourd'hui marqué par les parcs éoliens qui jouent par leur monumentalité avec les grandes ondulations du relief.

Serpentant au creux de vallées assez souvent encaissées, l'eau, même si elle est très présente, se fait discrète. Coulant sous une épaisse ripisylve, elle fut très tôt utilisée pour les moulins et l'industrie sidérurgique. Ainsi, on trouve dans cette unité de nombreux étangs et retenues d'eau que l'on découvre souvent par surprise au détour du bocage.