Description
Les composantes physiques identitaires



La structuration du paysage est fortement dépendante de l'eau, dont l'importance se traduit par nombre d'éléments identitaires du val de Loire. D'une part, le fleuve tient une place primordiale ; sa nature favorise les changements d'ambiances et de paysage, tant dans le rythme circadien par les variations de couleurs et de luminosité qu'à l'échelle de l'année, les cycles de crues et d'étiages marquant le passage des saisons.

D'autre part, la présence d'un patrimoine abondant lié à la navigation fluviale autrefois conséquente rythme le passage des différents bourgs ligériens. Les quais et les cales en sont les exemples les plus marquants.


Le fond de vallée est marqué par des prairies inondables accompagnées de têtards organisés en haies. Cette structuration permet un séquençage des vues et engendre un paysage d'échelle fine depuis ce point bas, qui constraste avec les vues largement plus ouvertes des coteaux. Ces derniers accueillent des cultures viticoles reconnues en AOC qui profitent de l'orientation de la vallée et favorisent les ouvertures du paysage du fait de leur faible échelle verticale.

Les vallons des affluents de la Loire sont également assez refermés par un bocage typique des zones inondables, s'articulant autour de fossés et de boires.
L'empreinte humaine
Les premières occupations des rives de la Loire datent de la préhistoire. Elles ont laissé quelques vestiges comme le Menhir de la Pierre Blanche à Oudon, qui sont souvent associés à des légendes et histoires locales.

A partir de 500 avant Jésus Christ, l'influence celte se fait sentir sur les territoires de l'unité.
Vers 300 avant Jésus Christ, la Loire Atlantique est « romanisée ». Le territoire connaît une période de stabilité (la Pax Romana) et de prospérité : le commerce maritime et fluvial se développe et le territoire de l'unité s'organise autour de la voie romaine, qui relie notamment Ancenis à Nantes.
La Loire est un axe de développement fort pendant l'Antiquité, malgré les difficultés de franchissement, et devient une voie d'échange fluvial et commercial dès le Moyen Age.

Le royaume de Bretagne est protégé à l'est par les châteaux d'Ancenis et d'Oudon. L'unité traverse une période faste : la Marche de Bretagne est au cœur d'échanges économiques et culturels en plein développement. On assiste à l'émergence d'une vraie navigation ligérienne et à un développement urbain sur les rives de la Loire autour des quais et des cales (exemple d'Ancenis). L'industrie et l'agriculture se développent et le commerce fluvial s'intensifie.
Au XIXème siècle, l'arrivée du chemin de fer a une incidence forte sur le développement urbain : désormais, celui-ci se tourne vers le chemin de fer plutôt que vers la Loire, à l'image de la ville d'Ancenis.
Au cours de la deuxième moitié du XXeme siècle on assiste à une reprise économique et à un développement de l'unité en lien avec l'essor de l'agglomération nantaise et l'aménagement de l'A11.
Habitat et architecture
Les sous-sols de l'unité permettent d'extraire du calcaire et du schiste.
- Les matériaux de construction et de couverture

Le matériau de construction traditionnellement utilisé sur le territoire de l'unité est le calcaire. Sous l'influence du style breton (au Nord) on retrouve aussi des schistes. Les constructions locales font par ailleurs usage de granit, grès, ou briques.
- Type d'architecture traditionnelle

Ce style marque la transition avec la maison angevine. La pierre calcaire est soigneusement appareillée. On retrouve notamment du moellon et tuffeau du saumurois (utilisé pour les piédroits et linteaux des baies). Les façades sont souvent couronnées d'une corniche moulurée. On retrouve des cheminées en pierre appareillées sur le sommet des murs. Les habitations présentent parfois un étage avec grenier et lucarne à fronton.

Sur l'unité de La Loire des Promontoires, l'architecture présente deux caractéristiques spécifiques :
- En zone inondable, les constructions sont adaptées au risque inondation : elles bénéficient d'un accès haut et d'une implantation dans le sens du courant le long des levées secondaires,
- L'architecture valorise la contemplation avec la présence de cabines et de vastes ouvertures.

D'autres éléments remarquables marquent le territoire comme moulins et châteaux implantés sur des promontoires au dessus de la Loire.
- Maison contemporaine
Autrefois, les matériaux présents sur place conditionnaient l'architecture et son implantation sur le site, aujourd'hui l'évolution des techniques de construction ainsi que les nouveaux matériaux préfabriqués sont des moyens efficaces effaçant facilement les contraintes d'autrefois. Les maisons qui émergent sont parfois en rupture totale avec la typologie locale et l'histoire du lieu. Il s'agit plutôt d'une banalisation et d'une répétition des formes déjà vues à l'échelle nationale ou même européenne.
- Bâti hébergeant des activités industrielles et tertiaires
De nouveaux bâtiments avec une imposante volumétrie, souvent parallélépipédique, sont construits à partir de matériaux préfabriqués ou de structures métalliques permettant une certaine souplesse et une évolutivité des constructions
Quand des activités sont regroupées à l'échelle nationale ou mondiale, les bâtiments portent une même signature extérieure afin d'être facilement reconnu pour les partenariats, les clients ou les utilisateurs. Ainsi, la notion d'une architecture locale est complètement absente de ce type d'architecture.
Organisation urbaine

La Loire est l'élément structurant principal du paysage de l'unité. De nombreux petits bourgs se sont implantés sur ses rives, séparés aujourd'hui les uns des autres par de vastes espaces dédiés au maraîchage.

Certains bourgs de l'unité présentent une structure insulaire en amande typique des bourgs ligériens. On retrouve ce schéma caractéristique, notamment sur le bourg de Saint Julien de Concelles. Le maillage urbain ancien est généralement très dense et présente une forte emprise au sol du bâti.
- Des bourgs avec façade ligérienne et développement en revers de coteau


Leur développement tend désormais à se poursuivre vers l'intérieur des terres. L'urbanisation est ainsi souvent remontée sur les coteaux sous forme d'habitat groupé, à la jonction de vallons secondaires dans la plupart du temps.
- Bourgs étagés sur les coteaux

On trouve aussi quelques bourgs étagés sur les coteaux (Varades et bourgs situés sur l'unité Contreforts du pays d'Ancenis).
- Un bâti remarquable qui s'implante en belvédère sur le Val

De nombreux châteaux se sont implantés en crête de coteau. Ils valorisent les perspectives sur la Loire par le traitement de l'effet belvédère.
D'une manière générale l'architecture au sein de l'unité paysagère valorise la contemplation des paysages offerts par l'unité. Les larges fenêtres sont privilégiées, ainsi que les vérandas et les espaces de détente.

- Ancenis, une ancienne île tournée vers la Loire
La ville ancienne est tournée vers la Loire et ses quais.
Infrastructures
Le réseau de desserte est très dense au nord-ouest en tête (routes) et en pied de coteau (voie ferrée et levées).

Le territoire est marqué par la présence de la route nationale N23 en tête de coteau. Un réseau secondaire, perpendiculaire au cours de la Loire permet la liaison entre les terres basses et les terres hautes de l'unité. Ces voies de circulation sont pour la plupart, des voies à l'échelle communale.
Quelques voies en encorbellement permettent de découvrir les paysages de l'unité.
De nombreux ponts traversent la Loire et la mettent en perspective.

L'unité paysagère est traversée par la voie ferrée, aujourd'hui voie TGV permettant de relier Paris à Nantes, puis au Croisic en deux heures environs.
Cette liaison représente un formidable atout pour la métropole nantaise puisqu'elle facilite les relations avec les autres métropoles françaises et européennes, cependant elle crée une rupture dans le paysage de l'unité. En effet, la voie est infranchissable et clôturée. Ainsi, les accès aux rives de la Loire sont très restreints et nécessitent des aménagements (petites passerelles, tunnels...).

L'unité comporte des aménagements spécifiques à la navigation fluviale comme les épis mis en place pour améliorer la navigation par la chenalisation de la Loire.
Industrie
Le territoire de l'unité représente un axe de communication très fort. Ainsi, de nombreuses industries s'y implantent, à proximité des réseaux de communication, attirées par cette situation stratégique, ce qui marque fortement le paysage.
Agriculture

L'agriculture est présente et diversifiée. On retrouve de l'élevage dans le val, des cultures céréalières, et de la viticulture sur les hauts de coteau.

Par ailleurs, le paysage est fortement marqué par la populiculture (peupliers).
Tourisme
L'activité touristique se développe peu à peu sur le territoire. L'offre hôtelière va croissante et de nombreuses manifestations, telles que Les Rencontres du Fleuve sont désormais organisées.
Analyse sensorielle
La Loire, élément structurant de cette unité paysagère, se lit partout, dans le bruissement des peupliers, dans l'odeur singulière des frênes et des saules mélangée à celle des boires desséchées, dans le chant des grenouilles l'été, dans le souffle du train qui court sur l'onde sur des kilomètres, dans les levées et les maisons surélevées, dans le goût généreux du panier garni de produits maraîchers, d'anguilles et de poissons de Loire arrosés de muscadet...