La Loire des promontoires

Parcs et ChâteauxCouloir fluvialEtalonnement pavillonnaireHorizontalité du paysageÎles ligériennesInfrastructures marquantesLevées souvent habitéesPaysage de LoireMaraîchagePrairies humides bocagèresQuais et cales de Loire
Turner - Scène sur la Loire près des coteaux de Mauves - 1828-30 National Gallery London« Je regrete les bois, et les champs blondissans, Les vignes, les jardins, et les prez verdissans, Que mon fleuve traverse : icy pour recompense Ne voiant que l'orgueil de ces monceaux pierreux, Où me tient attaché d'un espoir malheureux, Ce que possede moins celuy qui plus y pense. » Les regrets, Joachim Du Bellay
« Le peuplier: l'odeur jaune, odeur passée comme passe une couleur, un peu surie, un peu poussièreuse de ses feuilles sur les prairies en bord de la Loire, en septembre, a été pour moi l'odeur même de l'automne commençant. » Lettrines 2, Julien Gracq
Ambiances paysagères de La Loire des Promontoires


En affrontant une dernière fois les schistes et les granits avant l'estuaire, la Loire se donne ici en spectacle. Les coteaux marqués dominent le fleuve et proposent des promontoires rocheux sur une Loire qui s'étale dans la vallée comme une chevelure argentée tressée sur des îles émeraude. Ponctué de châteaux en belvédère et de bourg étagés, ce couloir grandiose capte la lumière dans toute la course du soleil : des brumes matinales irisées des pastels du levant aux fastes des ors rougeoyants du couchant, les nuances s'expriment sur toute la palette des larges panoramas ligériens, Turner ne s'y était pas trompé. Il suffit de descendre dans la vallée pour prendre toute la dimension du fleuve : l'eau se lit partout, dans le bruissement des peupliers, dans l'odeur singulière des frênes et des saules mélangée à celle des boires desséchées, dans le chant des grenouilles l'été, dans le souffle du train qui court sur l'onde sur des kilomètres, dans les levées et les maisons surélevées, dans le goût généreux du panier garni de produits maraîchers, d'anguilles et de poissons de Loire arrosés de muscadet... La Loire prend en jouant de ces nuances de multiples visages, du fleuve de sable aux méandres paresseux l'été au fleuve impétueux inondant toute la vallée l'hiver. Au cœur de ce paysage, elle n'est pourtant plus aujourd'hui l'axe de transport moteur du développement, la route et le train ont aspiré les extensions urbaines plus au nord les coupant ainsi du fleuve.
Eléments terre


La terre joue des contrastes entre les prairies humides du fond de vallée et les coteaux rocheux parfois arides. Cette unité développe une palette de textures fines et labiles mêlant les frênes et les saules blancs têtards qui alignent leurs têtes rondes en processions dans les prairies, les peupliers et les trembles qui ferment la vallée en formant des rideaux bruissant à la moindre brise. Ce camaïeu de verts d’eau est prolongé par le cortège des plantes de milieux humides sur lequel on distingue souvent des salicaires pourpres ou des ombellifères blanches qui redessinent les fossés. Contrastant nettement avec la végétation ligérienne, les planches de cultures maraîchères développent une mosaïque plus rigoureuse de teintes franches variant au gré des cultures. L’ensemble est cadré par les coteaux boisés sombres, ponctués de quelques parcelles viticoles et des silhouettes singulières des arbres de parcs.
Matières architecturales


L’architecture ou plutôt les architectures sur ce paysage ligérien expriment des contrastes et des influences à la fois ligériennes et méridionales. Elle s’appuie à la fois sur les schistes sombres, les gneiss et les sables ocres locaux et sur les calcaires ramenés de la Loire. On retrouve le contraste entre les façades calcaires lumineuses et les toitures d’ardoises sombres caractéristiques du val de Loire ou les teintes chaudes des schistes rouillés et des tuiles canal caractéristiques de l’architecture viticole plus au sud. Les cabines, les larges fenêtres, les bow-windows, les terrasses en belvédère et les châteaux en promontoire traduisent aussi dans l’architecture la mise en spectacle de la Loire.
Infrastructures et économie


Véritable axe commercial historique, la Loire est restée longtemps l'infrastructure majeure du territoire qui s'est traduite par de nombreux quais, cales et ports fluviaux. Les infrastructures récentes ont aujourd'hui plus cherché à s'affranchir des caprices du fleuve, les levées d'abord, les nombreux ponts et surtout la voie ferrée ont progressivement coupé le contact direct avec le fleuve facilitant ainsi les communications au travers du val.
Les formes de l'eau


L’eau est véritablement la composante majeure de ce paysage ligérien. A peine domptée par les épis qui scandent ses berges, la Loire miroite et reflète le ciel les îles et les coteaux. Le courant dessine des courbes nonchalantes sur les berges mais aussi effile les îles en forme d’amandes. Par beau temps, elle teinte le paysage en bleu par des effets de sfumato. En hiver, les flots grossis par les inondations prennent des teintes sombres, voire anthracite par mauvais temps, ou reflètent comme un vaste miroir lacustre la ramure pittoresque des arbres.