Ce paysage de vallée est clairement délimité par des coteaux habités boisés. Ce qui distingue la vallée de l’Erdre, c’est avant tout l’échelle importante de son fond de vallée qui s’accompagne de vastes zones de marais à tourbières ou de prairies inondables.

L'autre élément marquant de la vallée de l'Erdre est certainement son ennoiement pour la navigation qui a contribué par ailleurs à sa mise en scène et à ses allures de fjord miniature ponctué de château dont les vastes parcs presque jointifs semblent faire de cette vallée un vaste parc à Fabrique à l'Anglaise. C'est peut être pourquoi François 1er l'avait qualifiée de « plus belle rivière de France ». Sur cette sous-unité paysagère, on distingue véritablement deux secteurs. La partie plus en aval en connexion directe avec l'agglomération nantaise est une vallée navigable encaissée ennoyée avec des ambiances parfois lacustres cadrées de coteaux marqués.

Ces vastes plans d'eau qui s'enchaînent dans la vallée sont bordés de nombreux ports et mouillages, point de départ de nombreuses activités nautiques : le paysage est animé par le ballet des bateaux et voiliers. La voie d'eau est certainement le moyen le plus privilégié aujourd'hui pour apprécier ces paysages sans cesse renouvelés.

Les coteaux sinueux contribuent à la mise en scène des nombreux châteaux et Folies nantaises qui jalonnent le cour de la rivière. Travaillé dans l'esprit des parcs paysagers à l'anglaise, leurs parcs jouent des perspectives de la vallée et cadrent les points de vues jusque sur la berge.

Plus en amont, le paysage s'ouvre un peu plus avec la plaine de Mazerolles et les marais de petit mars. Cette vaste zone quasi-lacustre et de marais est bordée de coteaux doux habités. Cet espace naturel confidentiel car presqu'inaccessible est marqué par les activités liées à la tourbe.

Aux étendues d’eau de la vallée s’ajoutent donc les vastes espaces de marais structurés par des canaux et des écluses. Le paysage s’ouvre sur ces zones de tourbières ponctuées de bassins aux formes très géométriques.

Cette séquence de la rivière est également le point de liaison navigable vers le canal de Nantes à Brest. On comprend dès lors le rôle ancien joué par la zone portuaire de Nort sur Erdre.

L'EMPREINTE HUMAINE

L'Erdre, petite rivière qui naît à La Pouèze près de Candé, ne prit l'aspect qu'on lui voit en aval de Nort-sur-Erdre que par suite de son barrage à Nantes par la chaussée de Barbin, construite au 6e siècle par l'évêque Saint-Félix. Cette chaussée, aujourd'hui remplacée par une écluse au confluent avec la Loire à Malakoff, releva le niveau des eaux en amont ; ceci permit l'ennoiement des marais qui rendaient la vallée insalubre et la navigation possible jusqu'à Nort-sur-Erdre. La rivière s'élargit ainsi en une succession de lacs, les « plaines », en particulier celles de Mazerolles. L'Erdre devint alors, jusqu'au milieu du 19e siècle, une voie de communication majeure. La navigation commerciale déclina ensuite pour cesser en 1975. Dès le 18e siècle, les rives de l'Erdre attiraient à Sucé des nantais qui y construisirent de nombreux châteaux, folies ou villas. L'Erdre est classée Grand site national depuis 1998. Elle est un site privilégié pour les loisirs nautiques, et des croisières sont organisées afin de découvrir son patrimoine.

Protections

La vallée de l'Erdre est concernée par un site classé (1300 ha) et un site inscrit (1000 ha). L'unité abrite les Marais de Mazerolles : Vieille d'environ 7000 ans, cette zone d'expansion des crues représente une superficie de 1250 hectares, qui s'étend le long de l'Erdre. En 1960 - 1961, il est décidé de créer des polders, pour permettre aux agriculteurs de cultiver le marais asséché pendant une période de l'année. Mais les conditions climatiques font de cette orientation agricole un échec. L'exploitation de la tourbe aura duré 30 avant d'être interdite en 2010. les Marais de Mazerolles sont aujourd'hui classés site Natura 2000. La Tourbière de Logné est quant à elle protégée par un arrêté de biotope depuis 1987. Vieille de 4000 ans, cette zone humide d'environ 100 hectares est menacée d'assèchement, de pollution des eaux et de boisement, mais fait l'objet de restauration avec différents programmes dont Natura 2000.

HABITAT ET ARCHITECTURE DE LA VALLEE DE L'ERDRE

Les sous-sols du sud de l'unité regorgent de schiste, largement, utilisé pour la construction locale, souvent en combinaison avec le grès. On retrouve aussi des éléments en brique. Les couvertures sont uniformément constituées d'ardoise. L'unité est représentative de l'habitat breton style pays de la Mée, mais subit fortement au sud les influences du pays nantais. Style du pays de la Mée Schistes et ardoises sombres confèrent à la maison un aspect sévère, rappelant la maison du pays de Rennes. Les habitations adoptent un plan en longueur, regroupant habitations et dépendances au sein du même bâtiment, avec parfois des appentis de part et d'autre de la construction principale. Le plus souvent la construction de présente qu'un seul niveau avec 1 grenier. On observe un léger exhaussement de la toiture au-dessus des lucarnes, et souvent des linteaux en poutres de bois.

Parmi les éléments de patrimoine remarquable, nous pouvons citer : - Le Château de la Gascherie, style fin XVème, sans aucun doute la plus belle des Folies de l'Erdre. - Le Château de la Gandonnière, seconde moitié du XVIIIème siècle, qui abrite aujourd'hui des chambres d'hôtes. - Le Château de Port-Hubert, de style italien (1810), ancienne demeure du célèbre armateur et collectionneur Thomas Dobrée,

- Le Château de la Poterie, restauré en salons pour les réceptions privées et professionnelles. - Le Château de la Chantrerie abrite l'Ecole Vétérinaire et Atlanpole, siège de la Technopole de Nantes. - Le Manoir de la Châtaigneraie, style second empire, qui abritait encore récemment un restaurant gastronomique très réputé mais aujourd'hui fermé.

ORGANISATION URBAINE

L'unité abrite de nombreux bourgs étagés présentant une façade de quais sur l'Erdre. Le paysage est marqué par la présence de nombreux ports et mouillages, ainsi que par les nombreux châteaux et folies qui dominent l'Erdre, étirant leur parc jusqu'à ses rives.

On observe par ailleurs, sur l'unité une pression urbaine forte, notamment au sud, se manifestant par une diffusion de l'habitat pavillonnaire sur le plateau bocager.