Les marais de Brière

«Un soleil ardent tombait sur la Brière. De Fédrun aux coteaux des rives, ce n’était qu’un grand lac de lumière torrentielle. De tous côtés sous de tremblantes vapeurs, scintillait le feu des coulines. Et pas un pouce d’ombre au large ; pas un bruit non plus, que de temps à autre, du fond des lointains, comme un vague écho, la chanson des broyeuses de chanvre.» Alphonse de Chateaubriand 1923, la Brière
Les limites paysagères de cette sous-unité sont principalement constituées par le coteau bocager du sillon de Bretagne, l'interface boisée avec le plateau de Guérande à l'ouest et au sud la limite est beaucoup plus anthropique (voie ferrée, urbanisation et route)
Vue sur les terres basses des marais de Donges avec la raffinerie comme horizon


C'est une topographie qui joue finement sur l'horizontale et la présence de l'eau qui conditionne la structuration des paysages: les terres basses inondables, les îles, les plateaux avec des franges de coteau souvent marquées. Sur cet espace plan, la combinaison des configurations naturelles ou agricoles variées composent des paysages à la végétation contrastée.
Chaumière briéronne


Par ailleurs, cette sous-unité présente des noyaux urbains compacts (sur les terres exondées) caractérisés par une architecture typique de chaumières qui se sont progressivement dilatés rendant confuse la lecture du paysage avec une banalisation, notamment des paysages urbains (Zones d’activités, tissus pavillonnaire). Les infrastructures périphériques au marais marquent très fortement le paysage (les routes, les lignes électriques, le port sur l’estuaire…). Cette sous-unité paysagère se structure suivant quatre secteurs complémentaires et interdépendants.
Coteaux bocagers du sillon de Bretagne


Le piémont du Sillon de Bretagne définit l'horizon ouest de la Brière qui constitue un belvédère remarquable qui compose l'horizon Est de la Brière. C'est un paysage orienté marqué fortement par les infrastructures (routes, lignes électriques, éoliennes...). Les bourgs perchés à mi-pente ponctuent l'horizon et développent une urbanisation étagée. Les bourgs de piémont et les hameaux ruraux occupant les terres hautes jouent quant à eux l'interface entre le marais et le coteau.
relation terre haute terre asse dans les marais de DongesCe secteur est donc une limite complexe et diffuse entre zone humide et pied de coteau qui détermine les implantations de hameaux en chapelet le long des voies de desserte (comme du cabotage côtier). C’est un paysage bocager qui joue d’une relation directe entre les pâtures d’hiver à l’abri des plus hautes eaux près du siège d’exploitation et les pâtures du marais à l’étiage. Les ambiances alternent donc très rapidement entre le réseau bocager labyrinthique, les zones humides, les hameaux, bourgs et la dynamique visuelle générée par la topographie plus importante sur ce secteur. Ce secteur présente d’ailleurs des ambiances très proches de celles des marais d’estuaire dont ils assurent la continuité. Le haut de coteau qui subit de plein fouet la pression urbaine pavillonnaire le long des axes de desserte est par ailleurs un point de vue privilégié sur la vaste étendue des marais.
vue sur le marais privé ponctué de la silhouette d’un bourg insulaire


En relation directe avec les marais de piémont, le marais briéron habité se caractérise par des zones de marais investies quadrillées par un immense réseau de fossés délimitant des espaces de pâtures qui ouvre le paysage sur de longues perspectives. Là, des buttes bocagères habitées referment ponctuellement le paysage et s’organisent comme des éléments insulaires (lecture significative en période d’inondations). Seuls quelques éléments anthropiques créent des repères dans le paysage (carrière, citernes, zone portuaire, lignes haute tension…). Des bourgs insulaires et des gagneries marquent des interfaces entre cette unité et les unités voisines et sont des points de connexion avec les marais privilégiés, même si les boisements le long des voies ou en fond de jardins referment progressivement les points de vue.
Prairies desservies par le Canal de Caloyau


Si l’eau, dans le réseau de canaux, constitue le moyen traditionnel de communication, la route qui relie les îles est aujourd’hui le principal vecteur de développement. Les bourgs insulaires fonctionnent comme des signaux forts dans le paysage et les infrastructures électriques très marquantes dans le sud de l’unité.
Les roselières du marais indivis de Brière


Le Marais indivis de la Grande Brière est certainement le plus spectaculaire car il compose un vaste paysage ouvert marqué par l’horizontalité où tout élément vertical prend une importance considérable.
Port sur le Canal du NordC’est une surface non quadrillée par des parcelles (en raison d’un statut ancien particulier d’indivision) où les seules formes dessinées sont les étangs qui forment des clairières d’eau dans la roselière et les canaux qui tracent de longues perspectives dans le marais.
Chaumes de roseaux stockés pour les toituresC’est un paysage à forte saisonnalité qui capte les jeux de lumière du ciel (période sèche et période inondée…) et qui se colore suivant les périodes de végétation des roseaux (vert tendre au printemps, vert glauque à l’été et jaune d’or en hiver). C’est un paysage remarquable qui fonde l’identité du parc naturel régional de Brière.
Ambiance hivernale sur les marais du Mès


Hameau en bord des marais du MèsPlus à l’ouest, les marais du Mès amont continuent ces ambiances briéronnes jusqu’à la rencontre des marais salants. On y retrouve ces pâtures inondables et ces clairières d’eau frangées de roseaux. L’architecture reste typiquement briéronne.

L'EMPREINTE HUMAINE


Saint Joachim - Dessins-minutes originaux de la carte d'Etat-Major établie au XIXème siècle, entre 1825 et 1866 (source : géoportail.fr)La notion de propriété en Brière est particulière, ce qui explique un découpage parcellaire unique. En 1461, François II, Duc de Bretagne, rédige une ordonnance reconnaissant aux Briérons la propriété collective de leurs terres. Au XIXème siècle, le drainage du marais a rendu possible l'élevage du bétail. Les canaux (les curées) se sont progressivement multipliés pour totaliser, aujourd'hui une centaine de kilomètres. L'un des plus beaux exemples est le Fossé Blanc, large canal de 15 kilomètres rejoignant Saint-Nazaire. Les briérons entretiennent un rapport particulier avec la construction navale, pour laquelle ils ont été longtemps particulièrement recherchés.

HABITAT ET ARCHITECTURE EN BRIERE


Chaumière à Kerinet Le matériau de construction utilisé sur l'unité est le granit. Le matériau de couverture traditionnel est le chaume.
Maison style bretonne type briéronL'architecture locale traditionnelle est la maison style bretonne, type briéron. La maison briéronne présente des murs en pisé revêtus d'enduits blancs et un toit de chaume à forte pente. Elle ne comporte qu'un seul niveau, mais dispose d'un vaste grenier. On retrouve des cheminées en pisé très basses, de petites portes et fenêtres, et des menuiseries peintes en vert, bleu ou jaune vif.

Organisation du bâti en Brière


Exemple de Saint Joachim


La Brière est habitée selon un urbanisme insulaire, à l'exemple de Saint Joachim. L'habitat se concentre sur les reliefs exondés et s'implante de préférence en relation directe avec le marais.
L’urbanisme insulaire, schéma (source : de la Brière à l’Océan, une mosaïque de paysages à découvrir, Edition PNRB)Les bourgs se sont implantés sur des « îles » à l'abri des inondations hivernales. En partie haute, on retrouve moulins et gagneries, à l'abri des inondations. Les chaumières sont quant à elles réparties à la périphérie de l'île : chaque famille a son propre accès au marais par le biais de la levée et de la curée. Les potagers sont situés sur la levée inondable et sont ainsi fertilisés par les alluvions. Cependant, ce schéma traditionnel est menacé par la pression urbaine subie par l'unité, du fait de l'attractivité du littoral et du pôle d'emploi nazairien.
Montoir de Bretagne - Dessins-minutes originaux de la carte d'Etat-Major établie au XIXème siècle, entre 1825 et 1866.Aujourd’hui, on retrouve trois typologies majeures de bâti : - les gagneries, aux chaumières implantées en pignon, - les bourgs, où un bâti dense définit des fronts urbains cohérents, - la diffusion urbaine récente, qui présente des constructions en retrait sur de grandes parcelles, sans cohérence d’ensemble.
Gagneries


Bourgs


Diffusion urbaine


ORGANISATION URBAINE


Ainsi retrouve-t-on encore sur l'unité, l'implantation urbaine insulaire spécifique des gagneries, avec une forte présence de chaumières, mais aussi des implantations de bourgs et du bâti sur les zones hors d'eau en relation avec le marais.
St-Malo-de-Guersac – extensions urbaines


On observe par ailleurs, de vastes zones de diffusion urbaine dans le bocage et notamment sur le coteau bocager habité du sillon de Bretagne, qui marque l'horizon.
Des paysages difficilement qualifiables


Actuellement, les bourgs en frange sud et ouest du marais connaissent une dynamique d'évolution forte et rapide, donnant naissance à un paysage périurbain mal délimité et mal identifié, souvent peu rattaché au centre bourg en terme de fonctionnement et d'ambiance.