La presqu'île guérandaise

TomboloMarais salantBocage conifèrePatrimoine ruralVerrou boiséInfrastructuresDiffusion urbaineHabitat de hameaux ruraux diffus
Les marais de Guérande - A. Thiers« Guérande, avec son joli paysage en terre ferme, avec son désert, borné à droite par le Croisic, à gauche par le bourg de Batz, ne ressemble-t-elle à rien de ce que les voyageurs voient en France » Honoré de Balzac, Béatrix
Ambiances paysagères de la presqu'île Guérandaise


L'ensemble paysager de la presqu'île guérandaise tient son caractère insolite du mélange qu'il propose entre la terre et l'océan. Canalisé et distillé dans les marais salants de Guérande et du Mès, l'océan devient une mosaïque d'une multitude de miroirs qui décomposent comme un kaléïdoscope le paysage en de multiples reflets. Encadrant ce patchwork rythmé par l'envol des oiseaux, les plateaux bocagers rappellent de leurs coteaux marqués la direction armoricaine. C'est en allant d'Assérac au Croisic en passant par Guérande que l'on comprend toute l'alchimie de ces paysages où alternent le réseau des haies ponctuées de conifères sombres et la résille des talus enherbés piquetés de chênes verts dans les marais. C'est un jeu de complémentarités entre la terre et la mer, entre le plein et le vide, entre l'homme et la nature domptée. Calée entre la façade littorale urbanisée et les bords des marais briérons, cette unité paysagère est à la fois complexe et fragile parce qu'exposé fortement à la pression urbaine.
Les éléments terre


En mélangeant la terre et l'océan, cette unité paysagère ouvre une palette de matières à la fois terrestres et végétales très large. La trame bocagère dense de petits chênes pédonculés, de chênes vert sombre et de pins graphiques délimite un patchwork de prairies de pâtures et de cultures céréalières. Plus on s'approche des marais salant et plus l'air se charge d'embruns; la végétation se transforme, devient plus petite pour se limiter aux roseaux, aux chênes verts, aux tamaris et aux salicornes colorées dans les marais. Une large gamme de couleurs et de textures se décline subtilement dans ces paysages.
Matières architecturales


Avec ses longères de granit, ses enduits chaulés, ses cheminées sur pignons et ses lucarnes en chien assis, l'architecture traditionnelle renvoie directement à l'identité bretonne. Si le bâti ancien en granit reste très discret dans le paysage par ses teintes sombres, les façades blanches des bords de marais jouent d'un fort contraste. Les pavillons récents sortent aujourd'hui clairement de ces identités architecturales pour les banaliser. Très présents sur l'horizon du marais, les vieux moulins en poivrière et les salorges renvoient aux activités ancestrales qui ont fondé ces paysages.
Infrastructures et économie


Si le paysage des marais salants a été modelé de manière très ancienne et marque aujourd'hui fortement l'unité de ce paysage, d'autres éléments participent aujourd'hui à sa transformation. Ainsi, au calme des marais, on peut opposer le paysage sonore important de la route bleue qui constitue l'artère principale de desserte de la presqu'île. Avec la pression littorale, la voie ferrée a contribué à catalyser le développement urbain autour du marais et la croissance des zones d'activités, notamment autour de Guérande. On notera également l'ambiance spécifique du port du Croisic, qui tourné vers le marais, profite de sa situation abritée.
Les formes de l'eau


Véritable vitrail monumental posé entre les plateaux bocagers, l'eau reflète les jeux de lumière de ce paysage. Mêlant à la fois eaux salés et eaux douces, le labyrinthe des marais capte les moindres changements du temps. Les surfaces s'irisent au vent ou prennent des reflets métalliques par temps d'orage pour devenir de parfaits miroirs par temps calme. Le paysage devient particulièrement spectaculaire à l'aurore ou au coucher du soleil. C'est l'une des unités où l'eau s'exprime de manière la plus complexe.