Description
Les composantes physiques identitaires
Une histoire géologique qui a construit un littoral complexe où terre et mer se sont mélangés






• la petite crête urbanisée du Croisic au Pouliguen,
• le sillon plus marqué de Guérande
• les coteaux doux de Saint Molf et Asserac
Au revers des coteaux marquant la direction nord ouest / sud est, on retrouve des plateaux faiblement inclinés vers le nord est légèrement ondulés par des vallons qui suivent cette même direction. Le relief y est peu mouvementé mais suffisamment ondulé pour créer des animations dans la perception des paysages.
Un paysage Terre & Mer : les marais de Guérande et du Mès.

Le marais salant est un véritable bas relief sculpté par le labeur de l'homme. Ainsi, talus et canaux organisent une succession de bassins pour concentrer progressivement le sel. L'horizon est donc dégagé sur la vaste étendue du marais. Dans ce paysage ouvert, le regard est suspendu entre le ciel et son reflet dans la mosaïque aquatique. Pas même la trame des bossis, les levées de terre organisant les salines, ne constituent une accroche visuelle. On comprend dès lors, la force que prend chaque élément vertical qui se dresse dans cette étendue et par là même la sensibilité de ce paysage.


"C'est un creux de vase et d'algues que recouvrent les plus hautes marées et qu'inondent parfois la tempête. C'est un lieu où la terre se mêle à l'eau. Ca ne donne rien de bon. (...) Un lieu qu'on croit de mort beaucoup plus que de vie. La femme s'en approche pourtant. Elle a vu sur l'eau immobile des fleurs blanches qu'elle ne connaît pas. Des fleurs sans tige, qui flottent comme l'écume. Elle plonge sa main dans l'eau tiède en coupe et cueille timidement une de ces fleurs. C'est étrange, ça ressemble à la fois à du sable, à une pierre légère, c'est friable et blanc. D'une blancheur de nuage. (...) Cette fleur a le goût des vagues. (...) De la fleur sauvage découverte par une femme étonnée, les gens d'ici sont passés à la grande moisson blanche. De leur inquiétude des premières heures de découverte est née la confiance et un acte de plus pour leur grande alliance avec la nature. Ils ont domestiqué le marais." Bernard CLAVEL - La légende du sel
Des plateaux bocagers qui se referment...

L'empreinte humaine
De nombreux sites archéologiques attestent que le sillon guérandais a joué très tôt un rôle de premier ordre dans l’économie de la région. Les premières traces de l’exploitation du sel remontent à l’époque Celte, et les premières salines à l’époque romaine.
Du XIV au XVIIème siècle, on assiste à un fort développement de Guérande et ses abords reposant sur l’essor du commerce du sel.

À partir du XVIème siècle cependant, l'ensablement de ses sites portuaires et l'affaiblissement du sel comme monnaie d'échange font perdre à Guérande sa puissance maritime au profit du Croisic et de Pouliguen.

Réseau et infrastructures
Le réseau routier de l'unité se caractérise par la présence la "route bleue", axe structurant Nord-Sud formé par la D114, puis la N171 au sud, qui présente un profil de voie rapide et marque fortement le paysage.
Le contournement de Guérande est aujourd'hui largement dépassé par l'urbanisation. Des problèmes d'encombrement sont à noter en entrée de ville sud-est (RN 171), qui a par ailleurs bénéficié d'un aménagement paysager de qualité.
Le chemin de fer au sud de l'unité a été un vecteur d'évolution majeur des paysages puisqu'il a permis l'essor du tourisme balnéaire.
Habitat et architecture

Les matériaux de construction utilisés sur l'unité sont le granit et le schiste. Les matériaux de couverture utilisés sont l’ardoise et le chaume.
On retrouve trois principaux types architecturaux : la maison de style Breton, la maison du type paludier, et la maison du type briéron.


Organisation urbaine
Des pressions fortes sont observées aux abords des zones agglomérées et des principales voies de desserte ce qui se traduit par une occupation urbaine progressive des coteaux.

Cité médiévale fortifiée, la ville de Guérande se distingue particulièrement par la qualité des ambiances urbaines de son centre ancien. Dans l'enceinte entourée de douve s'enchevêtrent de nombreuses ruelles bordées de maisons à colombage ou de façades de granit. Cependant le développement de Guérande se poursuit en dehors des murs. Il n'a pas non plus été contenu par les contournements successifs. La question d'un nouveau contournement à l'est est par ailleurs posée.
On assiste à la disparition progressive des structures urbaines groupées, qui présentaient une densité peu élevée, mais une silhouette rassemblée.
La structure traditionnelle du hameau repose sur un bâti traditionnel implanté de manière souvent asymétrique pour former un espace commun autour d’éléments de type mare, four à pain, puits...
L'habitat dans le paysage
La disparition progressive des haies bocagères crée des ouvertures visuelles sur l’habitat.
A l’inverse, certaines résidences de standing viennent désormais se lover au cœur d’espaces boisés, à l’abri des regards.
Analyse structurelle
Démographie
L'évolution démographique est très dynamique. Les bassins de vie de La Turballe et Herbignac présentent une dynamique assez forte ou régulière.
Globalement, la population vieillit. Ecartés du littoral par la flambée des prix de l'immobilier, les jeunes se replient sur l'intérieur des terres.
Agriculture
Entre 1988 et 1990, la surface agricole utile a diminué de 20 à 30% sur l'unité, notamment du fait de l'étalement urbain.
L'unité est dominée par la production de lait et les cultures fourragères, mais aussi le maraîchage au sud-ouest.
Les marais salants
Les marais salants demeurent une activité identitaire majeure. Son caractère unique, son goût authentique, sa richesse en oligo-éléments font du sel de Guérande un produit de qualité (obtention du Label Rouge en 1991). Les marais salants de Guérande et du Mès sont labellisés Site Remarquable du Goût depuis 1996.
Description du paysage culturel des marais salants de Guérande inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO :
"Les marais salants de Guérande forment avec les traicts, un ensemble d'environ 2278 hectares et constituent un patrimoine exceptionnel et unique. En raison même des spécificités qui les caractérisent, c'est-à-dire la combinaison historique de facteurs écologiques et humains, ils sont sans doute le bassin salicole le plus individualisé, le plus chargé d'histoire, sinon le plus élaboré du littoral Atlantique français. Ils représentent un ensemble écologique de premier plan. Ils possèdent une extrême richesse et une extrême variété faunistique et floristique d'autant plus remarquable qu'ils sont une construction artificielle, fruit du travail de l'homme, et ne perdurant que pour autant que l'activité salicole se poursuit.
Vu du coteau de Guérande, le marais se présente comme un enchevêtrement de levées de terre sinueuses qui délimitent une multitude de bassins imbriqués les uns dans les autres. Certaines pièces d'eau sont découpées par un réseau de diguettes qui rehaussent l'aspect artificiel du paysage. L'étendue qui commence au pied du coteau ne compte ni arbre, ni bâtiment hormis les masses sombres des magasins à sel. La simple vue des marais fait pressentir sa très grande spécialisation et sa fragilité en tant que milieu contrôlé par I'homme depuis plus d'un millénaire. Les marais salants proprement dits ont été construits à partir de baules d'argile bleue.
L'omniprésence d'eau et les caractéristiques de sa circulation constituent toute la vie du marais : vie sauvage et activités des hommes.
À la suite de la crise de la production de sel sur la côte atlantique, une part importante des salines est aujourd'hui inexploitée.
Aujourd'hui, les marais salants de Guérande et du Mes s'étendent encore sur 2000 hectares, même si l'activité a décliné depuis le développement des conserveries (le sel servait à la conservation des aliments).La chute des besoins en sel et la concurrence du sel méditerranéen entraînèrent une grave diminution de l'activité. Les producteurs s’inscrivent aujourd’hui dans une communication valorisant un produit spécifique haut de gamme.
Tourisme
L'activité touristique du littoral rayonne fortement sur l'unité et a des incidences importantes sur le secteur résidentiel et l'hébergement marchant.
Analyse sensorielle
La presqu’île guérandaise, c’est une mélange entre la terre et l’océan, qui pour le plaisir de nos yeux viennent former une mosaïque d’éléments et de couleurs changeantes selon les états d’âme du ciel. Lorsque l’on s’approche des marais, des parfums iodés et la sensation d’être dans une partie de la terre unique au monde vous envahissent devant ce paysage presque désertique, et pourtant si riche. La fleur de sel de Guérande, qui bénéficie d’un label rouge, gage de qualité, vient assaisonner les plats du monde entier. Les paludiers contribuent à la production de 10 000 tonnes de sel par an.
Mais la presqu’île guérandaise c’est aussi des espaces urbanisés diversifiés, à cheval entre le calme des marais, et les bruits de la ville.