Marais salants et plateau bocager du sillon de Guérande

Sous-unité paysagère des Marais Salants de Guérande


Structure géométrique des oeillets dans les marais salants de Guérande


Par leur étendue et leur positionnement qui paraît très continental, les marais de Guérande constituent un espace paysager très spectaculaire. C'est véritablement depuis les coteaux de Guérande, avec des vues légèrement plongeantes qu'on en perçoit toute la complexité. Les marais fonctionnent comme un vaste labyrinthe qui stocke l'eau de mer, l'emprisonne dans des bassins de plus en plus petit pour distiller le sel dans les œillets, ultime étape de cristallisation dans un savant quadrillage de canaux et lames d'eau.
Schéma de principe de fonctionnement des marais


De ce paysage émergent les silhouettes noires des salorges, les granges longilignes qui servent à stocker le sel. Elles ponctuent l'espace et accompagnent le plus souvent les villages de paludiers. Hameaux denses d'habitations de granit en contact direct avec le marais, ces hameaux présentent une composition urbaine souvent remarquable. On notera ainsi les villages de Kervalet, Trégaté, Roffiat, Saillé.
Structure urbaine et ambiance spécifique des villages paludiers (Kervalet)


Les marais de Guérande présentent en fait deux visages : - à l'ouest, le paysage se structure autour de l'activité des paludiers, - à l'est, le paysage s'ouvre sur un vaste estran rythmé par les marées.
Vue sur le Grand Traict depuis le Mont Esprit (marée haute et marée basse)


Un vaste estran, le Grand et le Petit Traict, occupe un tiers de la surface du marais. Espace changeant par excellence, il s'anime au gré des marées, proposant un vaste espace lacustre à marée haute et développant une vaste arborescence hydraulique entre les vasières à marée basse. Lieu de mouillage en face du port du Croisic, il en constitue une petite mer intérieure. Ourlé par le tombolo de Pen bron souligné par le vert sombre de sa pinède, le Traict offre un paysage spectaculaire bien lisible depuis les Monts du Croisic.
Vue du Croisic depuis le Mont Esprit


Aux deux extrémités du port, le Mont Lénigo et le Mont Esprit offrent un joli panorama sur la presqu'île. Ce sont des monticules formés par le lest que les navires marchands laissaient autrefois avant de charger le sel guérandais destiné à l'exportation. Ils offrent des panoramas intéressants sur le marais et on peut y voir facilement le coteau guérandais et les clochers des anciens bourgs qui s'implantent autour du marais. C'est également le meilleur point de vue pour comprendre le fonctionnement du marais avec l'entrée de l'océan par la porte constituée par les centres héliomarins qui se font face.
Guérande, rue et porte St Michel (fond iconographique des archives départementales, cote 23Fi3375)A la charnière entre les marais et le plateau bocager, perchée sur son coteau, l'ancienne cité fortifiée médiévale de Guérande profite d'une véritable position en belvédère sur le marais. Encore enceint de murs et de douves, le coeur ancien de la ville garde ses ambiances pittoresques de ruelles commerçantes débouchant sur la grande place de l'église. Les évolutions urbaines successives ont aujourd'hui enchâssé la cité dans un tissu urbain contemporain plus banal qui s'articule autour des voies de contournement. Guérande est toujours aujourd'hui le carrefour de ces paysages à la fois marins et terrestres.
Les moulins à petit pied (Le moulin du Diable)Symboles de cette position de charnière, les moulins à petit pied ponctuent encore aujourd'hui les coteaux autour du marais profitant des vents qui s'engouffre par le Traict pour moudre les productions du plateau (blé noir, blé...)

Sous-unité paysagère des plateaux bocagers du sillon de Guérande


Un bocage habité S'appuyant sur le coteau du sillon de Guérande, un vaste plateau bocager s'étend vers le nord est jusqu'aux abords des marais de Brière. La trame bocagère encore dense masque les hameaux souvent très rapprochés, regroupant plusieurs longères bretonnes ou chaumières briéronnes autour d'une cour, d'un four à pain, d'une mare ou un étang et parfois d'un moulin. Parfois, au détour d'un chemin, on aperçoit un château au fond d'une allée plantée d'arbres traversant un parc boisé.
Ambiance bocagère du plateau guérandais


Avec ses conifères et ses chênes verts, cette trame bocagère est dense et sombre. Elle paraît impénétrable et quand on s'y aventure en dehors des grands axes, elle devient vite un véritable labyrinthe végétal. Elle est en plein ce que le marais est en vide, comme une image en négatif qui se développe de part et d'autre du coteau de Guérande.