Description
LES COMPOSANTES PHYSIQUES IDENTITAIRES

Le socle de la ville s'est implanté sur les terrains sédimentaires quaternaires qui correspondent à des alluvions fluviomarins de l'estuaire de la Loire ou des alluvions de basses terrasses pour l'Erdre.


Comme pour tous les paysages ligériens, l'horizontalité du relief est l'un des caractères identitaires de cette unité. La confluence fluviale de ce territoire se traduit par un relief quasi plan encadré par les coteaux dessinés par le sillon de Bretagne.

Le bâti tend à masquer cette horizontalité en dessinant des volumes sur les berges. En regardant dans l'axe du fleuve, on retrouve de longues perspectives jouant sur la ligne d'eau.


On comprend aisément les raisons de l'implantation de la ville sur ce secteur (et également de l'essor du site gallo-romain de Ratiatum aux origines de Rezé, dont les vestiges sont encore très lisible à St Lupien). Ce site singulier joue encore aujourd'hui le rôle d'arrière port de St Nazaire avec un trafic fluvial non négligeable et une activité économique encore très lisible sur les bords de Loire à l'ouest de l'unité.


L'EMPREINTE HUMAINE
La ville rivulaire constitue véritablement le berceau de la ville de Nantes.
L'histoire urbaine de Nantes est structurée par les fonctions prédominantes qui s'y sont succédées.
L'Homme est venu s'installer vers 2000 avant J-C, en provenance de la péninsule ibérique. Plus précisément, c'est sur la rive nord de la Loire, au confluent avec la rivière de l'Erdre que les hommes ont érigé leurs premiers édifices. Nantes naît vers 800 avant JC. Cette implantation ancienne est d'abord liée à une vocation de passage : les îles de Nantes permettent de franchir la Loire et d'établir des ponts. De plus, la présence de métaux et l'activité métallurgique qui en découle, participent à l'attractivité du lieu.
Nantes apparaît donc très tôt comme un lieu d'échange.

À l'époque gauloise, la ville est habitée par les Namnètes, avant d'appartenir à l'Empire romain, période pendant laquelle elle se fortifie pour faire face aux invasions. Nantes subit un assaut germanique vers 275 et des murailles y sont construites dès les années 280 à 300. Cette enceinte subsistera jusqu'au XIIIe siècle et sera alors reprise par les murailles ducales.
Après l'effondrement de l'Empire romain, au début du VIe siècle, Clotaire Ier, roi des Francs, s'empara de Nantes. L'évêque, saint Félix, prit alors en main les destinées de la ville dont il fut le premier gouverneur. Il entreprit des travaux considérables pour agrandir le port et assainir les marais de l'Erdre. Le canal Saint-Félix perpétue le souvenir de l'évêque. En 843 eut lieu la première des six invasions que Nantes eut à subir des Normands. Une grande partie de la population fut massacrée. Nantes est conquise en 851 par Nominoé et devient alors Bretonne. Ce n'est qu'en 937 qu'Alain Barbetorte chassa définitivement Les Normands et releva Nantes de ses ruines.
Nantes devient enfin française suite à l'Acte d'Union de la Bretagne à la France (1532). La fonction militaire est prédominante au Moyen-Age, et ce sont le commerce maritime et fluvial qui apparaissent comme principal moteur du développement de la ville.

Les premiers chantiers navals apparaissent à la fin du XVème siècle.

L'enrichissement de la ville à la fin du XVIIème et au XVIIIème siècle découle de la traite des esclaves noirs d'Afrique, Nantes étant une escale du commerce triangulaire jusqu'à son abolition en 1831. Au cours du XVIII siècle, 450 000 africains ont été transportés vers les Antilles depuis le port de Nantes, soit 42% de la traite française.

Le paysage de la ville rivulaire se structure et se densifie, à travers un grand programme néo-classique réalisé par Jean-Baptiste Ceineray et Mathurin Crucy, architecte-voyer de Nantes, à la fin du XVIIIème siècle. Ces transformations urbaines majeures au confluent de la Loire et de l'Erdre comporte notamment la création de « façades à programme » comme celles que l'on peut admirer sur l'ancienne Ile Feydeau.

Courant XIXe et XXe siècle, l'industrie remplace l'économie coloniale dans son rôle de moteur économique. Nantes était le point d'arrivée des produits d'outremer avec leurs saveurs, leurs essences et parfums, mais aussi les histoires terrifiantes rapportées par les marins.



L'unité géographique de l'île se constitue au fil des siècles par le comblement progressif des bras de Loire, ce qui va profondément transformer le paysage rivulaire de la ville.

Les comblements progressifs de l'Erdre et la Loire répondent à la montée en puissance des axes de circulation terrestres dans la ville (train, tramway, route). Ils traduisent en parallèle l'amorce du déplacement du pôle portuaire vers St Nazaire.


Plus à l'Ouest, côté Sainte-Anne et quartier République, un quartier industriel se développe à partir du XIXe autour d'activités chimiques et portuaires, des chantiers navals, des ateliers Alstom, puis au XXè siècle, de Béghin Say et du MIN (Marché d'Intérêt National).
A l'Est enfin, côté Beaulieu, les prairies inondables sont remblayées et urbanisées après la seconde guerre mondiale. À partir des années 60, un nouveau quartier se développe. En 1970, le quartier se renforce avec la création d'une seconde ligne de ponts boulevard du général de Gaulle.

En 2000, la passerelle piétonne Schoelcher établit le lien avec le cœur historique de la ville. Nantes est ainsi une ville qui a perdu progressivement le profit de son rapport au fleuve. Plutôt que d'appuyer son développement sur ce paysage magique qu'offrait la collection d'îles qui partageaient la rivière en bras, elle n'a eu de cesse de combler la croisée des eaux, la confluence de l'Erdre et de la Loire, qui baignent le centre-ville. Aujourd'hui, la reconquête des quais marque une volonté forte de retrouver un nouveau rapport à la Loire.
INFRASTRUCTURES

L'Ile de Nantes (ou Île Beaulieu), le cœur de la ville rivulaire, était à l'origine un archipel d'une dizaine d'îlots sablonneux et marécageux, séparés par de petits bras de Loire, d'où son surnom de La Venise de l'Ouest. Vers le IXe ou Xe siècle, les rives nord et sud de la Loire sont reliées par une succession de ponts, simples passerelles bâties sur pilotis, points de passage obligés entre Bretagne et Poitou.
Figure emblématique de la silhouette urbaine de Nantes à la première moitié du XXème siècle, le Pont transbordeur relie le quai de la Fosse à la Prairie aux Ducs en franchissant le bras de la Madeleine. Il constitue un ouvrage industriel spectaculaire du paysage ligérien nantais dont on trouve encore aujourd’hui beaucoup de représentations.


Le réseau de transports en commun s'étend de part et d'autre de l'unité, sur l'Île de Nantes comme sur les deux rives du fleuve, créant des coupures paysagères importantes. C'est le cas pour les quartiers de Malakoff et de Beaulieu Rive droite, enclavés par les infrastructures de transport qui les séparent de paysages où l'empreinte humaine est moins visible (le fleuve et le parc). Tout proche de ce quartier, ces coupures paysagères ressortent de manière forte de part et d'autre de la gare SNCF, où le paysage plutôt austère du pôle tertiaire Euronantes au sud (actuellement en projet de réaménagement) et l'ambiance plus chaleureuse et humaine du centre-ville au nord se côtoient spatialement tout en ayant rien en commun.
En 2003, on comptabilisait 250 000 traversées quotidiennes de l'île de Nantes.
HABITAT ET ARCHITECTURE
Lorsque l'on arrive à Nantes, on y sent une odeur de pierre à Briquet, de granit. La ville rivulaire, la plus petite unité paysagère définie dans cet atlas, est pourtant celle qui a le sous-sol le plus varié. L'Île de Nantes est en effet un carrefour où se rencontrent trois types de sol différents : Le schiste, le calcaire, et le granit. L'unité est aussi située au carrefour des différents styles architecturaux.
Les matériaux de construction utilisés sont le calcaire et le schiste.
Les matériaux de couverture utilisés sont l'ardoise au nord (île Feydeau), et la tuile canal au sud (Trentemoult).

Le quartier médiéval du Bouffay, proche du château et de la cathédrale, à l'intérieur des limites de l'ancienne enceinte, date du XVe siècle.

Il abrite un ensemble de maisons aux façades à pans de bois, à colombages et à encorbellements, ou reconstruites en pierre au XVIIIe siècle dans le parcellaire médiéval.
L'architecture traduit toute la richesse d'une époque, lorsque l'industrie nantaise se positionne comme le moteur économique de la ville et au-delà, par l'activité de son port.
C'est durant cette période que des grands noms de l'architecture vont marquer la transformation de la ville, comme Jean-Baptiste Ceineray, auquel nous devons entre autre la Chambre des Comptes de Bretagne, ou encore la canalisation de l'Edre depuis l'Île de Versailles, et son successeur Mathurin Crucy, qui au XVIIIème siècle a tracé les plans des places Royale et Graslin, du théâtre Graslin etc, dans un programme urbain et architectural de style néoclassique. Ils sont les « architectes-voyers » de Nantes. Murs en tuffeau (pierre venant de Saumur et acheminée par la Loire) et soubassement en granit sont caractéristiques de cette architecture néoclassique.
Le secteur sauvegardé de Nantes assure la protection du centre historique de la ville sur 126ha.




La ville rivulaire est un espace en constant renouvellement et abrite différents exemples d'architecture récente et contemporaine (logement, tertiaire).
ORGANISATION URBAINE
La diversité des paysages qui composent la ville rivulaire découle des différents types de formes urbaines qui s'y trouvent. Elle est également ponctuée par des repères visuels (Pont de Cheviré, Cathédrale etc) qui structurent le paysage.
La ville historique, à l'architecture médiévale (le Château des Ducs de Bretagne, rue de la Juiverie) et néoclassique (la place du Maréchal Foch, Place du Commerce, Île Feydeau), mais aussi des constructions plus modernes qui bordent la Loire et l'Erdre (le jardin des plantes sur l'Île Beaulieu, l'ensemble Saint Clément, le quartier de Malakoff), forment un complexe de paysages urbains variés, nous faisant traverser les époques.
On retrouve dans les quartiers du cœur de la ville des places reliées par de larges perspectives comme le cours Cambronne ou le Cours Saint-Pierre et Saint-André.
Le quai de la Fosse et les rues qui y descendent, où se trouvaient les maisons de filles à matelots, constituent l'ancien port de Nantes.
L'activité industrielle s'est installée sur les bords de Loire selon un urbanisme fonctionnaliste, pour mieux acheminer les marchandises transportées par la Loire.
La ville rivulaire est ainsi marquée par la forte présence de l'activité industrielle, qui depuis des siècles, a utilisé la Loire comme moyen d'acheminer et d'exporter les marchandises, d'où cette organisation fonctionnaliste. Encore aujourd'hui les bords de Loire de Nantes sont en majorité occupés par ces fonctions, dont une partie est en phase de reconversion actuellement.
Plus anciennes que ces extensions industrielles, les constructions à vocation résidentielles occupent les bords de Loire au confluent de la Loire et de l'Erdre jusqu'au Boulevard Cardiff, ainsi qu'une portion de la rive gauche côté Rezé.

L'ancien village de pêcheurs de Trentemoult, situé dans la commune de Rezé sur la rive gauche et qui aurait plus de 1000 ans, a échappé à ces marques qu'a laissé l'activité industrielle sur le territoire. Mais ce patrimoine exceptionnel se retrouve entouré par les zones d'activité qui l'enclavent, causant des discontinuités paysagères très fortes, ce qui ne l'empêche pas de demeurer un quartier résidentiel très attractif.

Le campus universitaire du Petit Port s'est implanté sur les bords de l'Erdre, tout en les préservant de constructions, puisqu'ils abritent parcs et espaces boisés, offrant ainsi aux étudiants comme aux autres passants un cadre paysager très appréciable.
Le comblement à partir de 1929 des bras nord de la Loire et de l'Erdre canalisée (devenue le Cours des 50 Otages) a grandement transformé le caractère de la ville ancienne. Le château des Ducs, la place du Commerce, les façades de l'île Feydeau et du quai de la Fosse se trouvaient à l'origine en arrière des quais, au bord de l'eau. Une figuration de quais a été reconstruite le long de la face sud de l'île Feydeau (conçue par l'urbaniste Bruno Fortier).
ANALYSE STRUCTURELLE
Economie
L'unité présente une mixité fonctionnelle forte. D'importantes zones industrialo portuaires, aujourd'hui cantonnées à l'ouest de l'unité, sont toujours en activité. En 2003 l'île de Nantes (337 hectares), comptait 15 500 habitants pour 15 000 emplois.
Si l'île de Nantes conserve une forte tradition industrielle (le Marché d’Intérêt National, Alstom), elle évolue aujourd'hui vers de nouvelles activités de service et de savoir. D'ici à 20 ans, environ 300 000 m² de surface d'activités seront construits, assurant un développement toujours important des activités économiques .
Démographie
Les projets de rénovation urbaine devraient apporter de nouveaux habitants au coeur de Nantes, actuellement peu dynamique sur le plan démographique. Pour répondre aux besoins de ces nouveaux habitants, de nouveaux équipements publics de quartier sont progressivement implantés (crèche, école, équipements culturels, etc.). En complément, le renforcement des commerces de proximité s'opère peu à peu.
Tourisme
Le coeur de Nantes dispose de nombreux monuments espaces publics culturels, ainsi que d'une offre d'hébergement touristique. Le projet Euronantes devrait dynamiser fortement le tourisme d'affaires au cœur de la cité.
L'essor culturel et touristique est un élément majeur du projet urbain de l'île de Nantes. Par les événements (Estuaire Nantes Saint-Nazaire, les Rencontres du fleuve, L'île était une fois, les Ecossolies...), mais aussi avec l'ouverture de nouveaux équipements (nefs de Loire réhabilitées, Atelier-galerie des Machines, Hangar à bananes, etc.). Ces lieux de vie et de culture attirent un public toujours plus nombreux au bord du fleuve.
ANALYSE SENSORIELLE
Malgré une présence affirmée de l’eau, ses paysages se caractérisent par les ambiances contrastées : les bords de Loire, très urbanisés et marqués par un passé industriel, et les bords de l’Erdre, plus préservés, au caractère plus naturel. Les bruits de la ville, le trafic, le son des cloches de la cathédrale, audibles des rives de la Loire, viennent s’affirmer dans une urbanité, qui à chaque coin de rue nous transporte dans les différentes strates de l’histoire. Lorsque l’on arrive à Nantes, l’humidité du climat met en exergue des odeurs de pierre à briquet, de granit et d’encens. Le coteau urbain du Sillon de Bretagne marque l’horizon au Nord, tandis que le couloir visuel du Val de Sèvre est masqué par la ville.
La gastronomie Nantaise, réputée par son beurre blanc, ses berlingots, ses biscuits LU, ses civelles, et bien sûr le sel de Guérande exporté à l’échelle internationale, offre aux amateurs de cuisine tout un riche panel de spécialités culinaires.